Sociétés mixtes, transparence : L’appel de la CAOPA pour un secteur de pêche artisanale durable

Dans le monde dynamique de la pêche, l’attention se tourne vers la nécessité urgente de garantir la durabilité et la transparence dans le secteur. Les acteurs de la pêche artisanale expriment une préoccupation croissante face aux défis qui menacent l’équilibre fragile des ressources halieutiques.

Le plaidoyer pour la Transparence et la Durabilité résonne comme un cri de ralliement parmi ceux qui sont investis dans l’avenir de notre océan. Mais qu’entend-on réellement par transparence et durabilité dans le contexte actuel de la pêche artisanale ?

L’une des questions cruciales soulevées est celle de l’audit du pavillon industriel. Alors que certains évoquent la nécessité de tout remettre à zéro en ce qui concerne les accords de pêche, d’autres se demandent quel accord est réellement remis en question. Le Sénégal, par exemple, a signé des accords bilatéraux avec plusieurs pays de la sous-région et d’ailleurs. Cependant, c’est la question des sociétés mixtes qui suscite le plus d’inquiétude.

Quid des sociétés mixtes ?

L’un des principaux points de préoccupation de la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) est la question des sociétés mixtes, qui sont souvent caractérisées par une opacité financière et une exploitation non durable des ressources marines. Les sociétés mixtes, conçues pour être des partenariats équitables, soulèvent des questions sur leur structure même. Au Sénégal par exemple, le Code de la Marine marchande exige que les sociétés mixtes détiennent au moins 51 % du capital local. Pourtant, des cas choquants révèlent des disparités flagrantes, avec des capitaux dérisoires face aux investissements massifs nécessaires pour exploiter les ressources marines.

Gaoussou Gueye, président de la CAOPA se dit inquiet face à cette situation : « Il y a une société mixte que je prendrai en exemple où le capital est de 100 milles FCFA. Cette société demande une licence sur six navires pour pêcher les petits pélagiques et chaque navire coûte au minimum 3 milliards FCFA. C’est inquiétant. Et certains navires qui demandent une « promesse » de licence, la promesse de licence n’existe pas dans le droit sénégalais ».

En exigeant une plus grande transparence dans la constitution et le fonctionnement de ces sociétés, la CAOPA vise à garantir une exploitation équitable et durable des ressources halieutiques.

La transparence

Les enjeux sont énormes, surtout en ce qui concerne la pêche des petits pélagiques, essentiels pour la subsistance de la pêche artisanale. La transparence est donc impérative pour assurer une gestion équitable de ces ressources précieuses. Sans elle, les populations locales risquent d’être privées de leur droit de savoir comment leurs ressources sont gérées et exploitées.

Le cadre réglementaire existe, des conventions internationales ont été ratifiées, mais il est temps de passer de la parole aux actes. L’engagement des chefs d’État africains pour une gestion durable des ressources halieutiques doit se traduire par des actions tangibles et accessibles aux populations locales.

La durabilité de la pêche artisanale est essentielle pour l’Afrique, non seulement en termes de sécurité alimentaire et d’emplois, mais aussi en tant que facteur de stabilité sociale. Il est impératif que les pays s’engagent à respecter les instruments internationaux et à adopter une approche participative et inclusive dans la gestion des ressources halieutiques.

La pêche artisanale représente bien plus qu’une simple activité économique ; elle incarne l’espoir d’un avenir durable pour les communautés côtières. En investissant dans ce secteur vital, nous investissons dans la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et la préservation de notre patrimoine marin pour les générations futures.

Dans ce contexte, l’appel de la CAOPA pour un secteur durable est un appel à l’action pour tous les acteurs impliqués dans la pêche artisanale, des gouvernements aux organisations de la société civile en passant par les entreprises et les consommateurs. En travaillant ensemble pour promouvoir la transparence, la durabilité et la gestion participative des ressources halieutiques, il est possible d’assurer un meilleur avenir pour les communautés côtières et préserver notre patrimoine marin pour les futures générations.

Mamadou Aliou DIALLO

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