Dans la pêche artisanale africaine, une femme qui tombe malade, et c’est toute sa communauté qui souffre

Le récent rapport sur « la pêche et le droit à l’alimentation dans le contexte des changements climatiques » rappelle que les femmes comptent pour la moitié des travailleurs dans toutes les chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture, où elles assurent des fonctions cruciales : ‘pour chaque pêcheur, il y a environ quatre emplois dans les activités secondaires, dont la commercialisation, la transformation du poisson, et beaucoup sont occupés par des femmes’.

Femmes Pêcheuses, transformatrices et mareyeuses des produits halieutiques au Bénin

En Afrique, les femmes sont présentes à toutes les étapes de la chaîne de valeur de la pêche: du pré-financement des sorties de pêche à la réception du poisson auprès des pêcheurs, à la transformation et la commercialisation des produits. En tant que productrices, transformatrices, commerçantes et gestionnaires des ressources naturelles provenant de l’océan, elles jouent un rôle crucial pour des systèmes alimentaires durables, et sont les garantes de la réalisation du droit à l’alimentation pour des millions de citoyens africains.

La CAOPA est préoccupée par les atteintes aux droits des femmes dans le secteur de la pêche artisanale africaine.

Une femme transformant du poisson au milieu de la fumée – caopa 2023

Les femmes ont droit à des conditions de travail décentes. Aujourd’hui, les installations de transformation présentent des dangers, exposant les femmes à des risques pour leur santé. La fumée qu’elles inhalent pendant des périodes prolongées dans des environnements insalubres, la chaleur des fours, tout cela endommage leurs yeux et leurs poumons, sans oublier les graves risques de brûlures. Dans la pêche artisanale africaine, une femme qui tombe malade ou qui blessée dans le cadre de son activité, et c’est toute sa famille, toute sa communauté qui souffre.

Les femmes ont le droit d’accéder aux ressources de la mer, et à la terre, dont elles dépendent pour vivre. Aujourd’hui, les femmes ont de plus en plus de difficultés à accéder au poisson, – à cause de la surpêche et de la compétition avec d’autres, comme les usines qui transforment le poisson en farine. Elles doivent aussi faire face à des projets de développement, souvent liés à l’économie bleue, entrepris sans leur consentement préalable, libre et éclairé, pour l’accès au foncier en zone côtière, là où elles exercent leurs activités.

Adoptées il y a dix ans au sein de la FAO, les Directives Volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté (DV-PAD) engagent nos Etats, de façon explicite, en faveur de l’équité de droits entre les hommes et les femmes, et constituent le premier instrument sur la pêche à aborder directement la question du genre. Des pays africains de plus en plus nombreux, – on peut citer le Sénégal, l’Ouganda, la Tanzanie, le Zimbabwe-, ont aujourd’hui élaboré un plan d’action national pour l’application des DV-PAD.

L’Union africaine a prolongé cet engagement en faveur du droit des femmes dans la pêche à travers plusieurs cadres et initiatives tels que le Cadre Politique et la Stratégie de Réforme de la pêche et de l’aquaculture en Afrique, l’Agenda 2063 et la Décennie des femmes rurales.

Nous encourageons tous les Etats africains à poursuivre dans cette voie afin de promouvoir les droits des femmes dans la pêche, en s’inspirant tout particulièrement de l’Appel à l’Action lancé par la pêche artisanale, qui demande de protéger les droits fonciers et d’accès aux ressources de la pêche artisanale, d’organiser la participation active des femmes dans les processus de décision, et de soutenir leur rôle dans l’innovation, afin de garantir leurs droits à des conditions de vie et de travail décentes.

 

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