DÉCOUVRE LES 30 RECOMMANDATIONS DE L’ONU POUR UNE PÊCHE ARTISANALE DURABLE

Michael Fakhri

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, a présenté en janvier 2024, son rapport sur la thématique liée à la pêche à petite échelle. Ce document consulté par la CAOPA met en évidence la nécessité de protéger les droits des petits pêcheurs, des travailleurs de la pêche et des peuples autochtones dans un contexte de changements climatiques.

Dans ce rapport, soumis au Conseil des droits de l’homme en application de sa résolution 43/11, Michael Fakhri évoque l’importance vitale de garantir la biodiversité et la protection des écosystèmes aquatiques pour assurer le droit à l’alimentation pour tous, malgré les défis posés par les changements climatiques. Ce cadre souligne que les petits pêcheurs et les travailleurs de la pêche sont des acteurs clés dans la fourniture d’aliments pour des millions de personnes, notamment dans les régions côtières et riveraines.

 Impact des changements climatiques sur la Pêche

Les changements climatiques ont un impact significatif sur la pêche artisanale, notamment à travers la surpêche, la dégradation des écosystèmes et la menace pour la sécurité alimentaire. La surpêche, qui a triplé au cours des cinquante dernières années, met en péril les stocks de poissons et fragilise les moyens de subsistance de millions de personnes. Les changements climatiques modifient également les schémas de migration des poissons, ce qui oblige les pêcheurs à s’adapter et à diversifier leurs pratiques de pêche.

Droits des peuples autochtones et genre dans la Pêche

Les peuples autochtones dépendent étroitement des ressources aquatiques pour leur subsistance et leur sécurité alimentaire. Environ 27 millions de personnes autochtones dans le monde comptent sur la pêche pour assurer leur survie. Les femmes, bien qu’actives dans divers aspects de la pêche, font face à des discriminations et à des stigmatisations dans le secteur. Leur contribution est souvent sous-évaluée et elles sont confrontées à des conditions de travail précaires et dangereuses.

Conditions de travail et sécurité des travailleurs de la Pêche

Un groupe d’hommes s’affaire à la confection minutieuse de nouveaux filets de pêche

Les travailleurs de la pêche exercent l’un des métiers les plus dangereux au monde, selon l’Organisation internationale du Travail (OIT). Ils sont confrontés à des risques professionnels élevés, notamment en raison de conditions de travail médiocres et dangereuses. Les accidents mortels sont fréquents en mer, et les travailleurs sont exposés à des dangers liés à l’instabilité des plateformes de pêche et à l’exposition à des produits chimiques toxiques.

Gouvernance et défis environnementaux

La surcapacité et la surpêche sont des défis majeurs qui menacent la durabilité des ressources marines. La gestion inadéquate des initiatives de conservation et l’exploitation offshore ont des impacts dévastateurs sur les écosystèmes marins et les moyens de subsistance des communautés côtières. De plus, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée aggrave la pression sur les ressources marines et nuit à la stabilité des écosystèmes.

Initiatives pour une transformation bleue et finance durable

La FAO promeut une approche de transformation bleue qui vise à concilier les intérêts économiques avec les droits de l’homme et la durabilité environnementale. Cette approche cherche à accroître la contribution des systèmes alimentaires aquatiques à une alimentation saine et nutritive, tout en garantissant une gestion responsable de l’environnement et une croissance inclusive. Cependant, l’émergence de la finance bleue pose des défis en matière de transparence et de respect des droits de l’homme, en particulier pour les communautés côtières et les petits pêcheurs.

 Quelques éléments de conclusions et recommandations

  1. Considération des océans et des cours d’eau comme sources de vie

Les océans et les cours d’eau sont cruciaux pour la survie de l’humanité. Les États et les entreprises doivent abandonner leur exploitation commerciale et les traiter comme des éléments vitaux pour la vie.

  1. Reconnaissance des besoins des petits pêcheurs

Les politiques doivent être centrées sur les petits pêcheurs, indispensables à la relance post-pandémique et à la transformation du système alimentaire. Les États doivent reconnaître l’importance des petits pêcheurs, des peuples autochtones et des travailleurs de la pêche, en les consultant de manière significative et en garantissant leur participation dans les processus décisionnels.

  1. Définition complète des petits pêcheurs

Une définition exhaustive des petits pêcheurs doit être élaborée, prenant en compte tous les aspects de leur activité, y compris la transformation et la commercialisation, avec une attention particulière aux questions de genre.

  1. Approches basées sur les droits de l’Homme dans la gestion des pêches

Les organisations régionales de gestion des pêches doivent adopter des approches fondées sur les droits de l’homme, permettant une réelle participation des petits pêcheurs, des travailleurs de la pêche et des peuples autochtones.

  1. Respect des droits fonciers et autochtones

Les États doivent respecter, protéger et garantir les droits fonciers coutumiers des petits pêcheurs et des peuples autochtones, conformément aux directives et déclarations internationales sur les droits de l’homme.

  1. Protection des écosystèmes aquatiques

Les États doivent protéger et restaurer les écosystèmes aquatiques, en tenant compte des connaissances locales et autochtones, et en assurant la participation significative des petits pêcheurs, des travailleurs de la pêche et des peuples autochtones dans les processus décisionnels.

  1. Équité et stabilité des marchés

Des régimes de protection sociale doivent être établis pour inclure tous les acteurs de la pêche. Les petits pêcheurs doivent avoir un meilleur accès au financement, aux informations sur le marché et aux infrastructures. De plus, il est crucial de garantir des conditions de travail décentes et de lutter contre les formes contemporaines d’esclavage et de travail des enfants.

  1. Appui de la FAO et plan d’action national

La FAO et d’autres organisations internationales devraient accorder une priorité accrue à la protection des petits pêcheurs et des peuples autochtones, tout en soutenant la mise en œuvre de plans d’action nationaux en faveur de la petite pêche.

  1. Réexamen des politiques de l’économie bleue

Les États doivent protéger les petits pêcheurs des secteurs concurrents de l’économie bleue, réglementer la pêche selon des approches basées sur les droits de l’homme, et être prudents dans le développement de l’aquaculture.

  1. Transparence et responsabilité des entreprises

Les entreprises doivent être tenues de mener leurs activités de manière transparente et responsable, rendant compte des violations des droits de l’homme et respectant les normes internationales en matière de droits de l’homme.

Ces recommandations offrent un cadre pour une gestion plus durable et équitable des ressources marines et des moyens de subsistance des communautés dépendantes de la pêche artisanale, dans le respect des droits de l’homme et de la biodiversité.

Lire ICI l’intégralité du rapport !

Synthèse Aliou DIALLO

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