Les 26 et 27 mars 2024, la ville impériale de Fès, au Maroc, accueille un atelier de réflexion sur le thème “Communication au service d’une économie bleue durable et inclusive”. Organisé par la COMHAFAT, en appui à l’OMPDA, cet événement est une plateforme idéale pour discuter et partager des idées sur l’importance de la communication dans la promotion d’une économie bleue durable et inclusive. Parmi les intervenants, M. Gaoussou Gueye, président de la CAOPA, aborde un thème crucial : “La place de la pêche artisanale dans l’économie bleue“. Mais qu’entend-on réellement par “économie bleue” ? Quels sont les enjeux et les défis pour la pêche artisanale ?
Économie bleue : un concept aux multiples facettes
Il n’existe pas de définition unique de l'”économie bleue”. Selon les points de vue, les réponses sont diverses et subjectives. Pour la FAO, il s’agit de promouvoir la “croissance bleue” afin de soutenir la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et la gestion durable des ressources aquatiques vivantes. Les théoriciens de l’économie y voient un type d’économie circulaire où rien n’est gaspillé. Quant aux professionnels des océans ou de la pêche, ils la définissent comme le développement et l’utilisation des ressources marines.
La pêche artisanale face aux défis de l’économie bleue
“En tant que professionnels de la pêche artisanale africaine, nous sommes préoccupés par la concurrence d’autres secteurs inclus dans les stratégies de l’économie bleue, qui sont financièrement et politiquement plus puissants que nous. L’exploitation pétrolière et minière, le gaz, le tourisme et l’exploitation industrielle des ressources halieutiques mettent en péril l’avenir de la pêche artisanale continentale et maritime”, a expliqué Gaoussou GUEYE.
Des exemples de menaces sur la pêche artisanale
Selon lui, l’exploitation pétrolière et gazière offshore provoque le déplacement des zones de pêche à cause des installations en mer, des nuisances sonores et une pollution qui dégradent le milieu marin, perturbant ainsi les activités de la pêche artisanale. Les usines de farine de poisson en Afrique de l’Ouest constituent une autre menace, dit-il.
En effet, le développement “anarchique” de ces usines pour la transformation des petits pélagiques en farine de poisson pour l’aquaculture/agriculture industrielle en Asie, Europe, etc., concurrence directement la pêche artisanale qui pêche le petit pélagique pour la consommation humaine.
La nécessité d’une transparence dans les stratégies de l’économie bleue
Face à ces défis, les pêcheurs artisans des six continents, dont la CAOPA, ont élaboré un appel à l’action lors de l’IYAFA 2022. Cet appel souligne l’importance de la pêche artisanale, qui est le plus grand secteur de l’économie des océans en termes de moyens de subsistance, et aussi le seul secteur qui produit de la nourriture. Cependant, les moyens de subsistance sont menacés par la concurrence et les impacts négatifs d’industries marines et terrestres plus puissantes.
Vers une économie bleue inclusive et durable
Pour une solution harmonieuse à cette problématique, il est essentiel que les droits des communautés soient protégés et que la transparence dans les stratégies d’économie bleue soit effective. Il est également crucial que l’approche de précaution guide le développement de l’économie bleue. Les activités de l’économie bleue ont un impact sur la pêche artisanale, et il est nécessaire que ces activités et ces investissements soient soumis à l’examen du public.
L’économie bleue, un concept aux multiples facettes, représente un défi majeur pour la pêche artisanale africaine. Face aux menaces qui pèsent sur ce secteur, il est essentiel de mettre en place des stratégies inclusives et durables, garantissant la transparence et la protection des droits des communautés. L’atelier de Fès est une occasion de réfléchir et d’agir ensemble pour une économie bleue respectueuse de tous.
Mamadou Aliou DIALLO