L’an 2022 a été déclaré par l’Assemblée Générale des Nations Unies, « Année Internationale pour la Pêche et l’Aquaculture Artisanales ». Une belle occasion d’aider les professionnelles de ce secteur à améliorer leurs conditions de vie et de travail, et de les rendre plus visibles.
Ainsi, du 24 au 25 mai 2022, la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de La Pêche Artisanale (CAOPA) en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a organisé à Saly, au Sénégal, un atelier de formation des femmes transformatrices de poissons sur l’utilisation des fours FTT.
Objectif : renforcer leurs capacités en matière de sécurité sanitaire du poisson et des produits aquacoles, de réduction des pertes post capture, de manipulation et de transformation du poisson, en mettant l’accent sur l’utilisation de la technique FTT.
L’événement a réuni une trentaine de participants venus de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la Gambie, du Ghana, de la Guinée, du Togo, de la Mauritanie et du ‘’Mali’’.
Conditions de travail difficiles pour les femmes transformatrices
Pour la vice-présidente de la CAOPA, l’utilisation des fours traditionnels provoque une série de problèmes liés à l’hygiène, la qualité du produit fini, la santé des femmes et des consommateurs.
Mme DJALO souligne aussi les conséquences des pratiques traditionnelles de fumage sur l’environnement côtier. « Elles entraînent une consommation excessive de bois pour le fumage, des pertes après captures élevées qui sont un gaspillage de ressources halieutiques entraînent pollution, déforestation et dégradation de l’environnement », fait comprendre le numéro 2 de la CAOPA.
Au nom du Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanale au Sénégal (CONIPAS), Gaoussou Gueye, par ailleurs président de la CAOPA a salué l’initiative de vulgariser les fours FTT durant cette année de l’IYAFA 2022. Car, d’après lui, « pendant longtemps, durant plusieurs heures de travail, nos mamans, nos sœurs, nos tantes, ont beaucoup souffert de la fumée ».
Aujourd’hui, précise M. Gueye, « nous avons un four FTT qui va améliorer les conditions de travail de cette couche féminine ».
Mais il reste beaucoup à faire pour les Etats. Car il ne suffit pas simplement d’amener des fours pour la transformation. Le représentant du CONIPAS fustige : « Si on a des fours sans sites adaptés pour la transformation (manque d’eau, de toilettes, d’électricité, où l’accès est difficile, les enfants ne sont pas scolarisés, etc.) c’est insuffisant ».
Avec l’aide de la FAO, l’espoir est permis grâce aux directives volontaires pour une pêche artisanale durable, à travers lequel on pourrait améliorer de façon remarquable, les conditions de travail des femmes du secteur.
De son côté, l’Inspecteur régional des pêches de Thiès reconnait la place primordiale et le rôle déterminant des femmes dans le secteur de la pêche artisanale. M. Abdoul Aziz Ly a déclaré : « Vu que le poisson devient de plus en plus rare, il nous reste alors à améliorer leurs conditions de travail, la qualité pour gagner le maximum d’argent. Vous voyez toutes les conditions dans lesquelles elles travaillent : dans la fumée, la poussière, avec des moyens extrêmement limités”.
Selon lui, c’est devenu une priorité d’accompagner les femmes à travailler dans des conditions de performances, qui puissent assurer la sécurité sanitaire des aliments et la santé des transformatrices. Surtout que les profits tirés de leur activité contribuent sensiblement à réduire la pauvreté.
Comment améliorer les conditions de travail des transformatrices ?
L’une des solutions, c’est grâce aux fours FTT. Et le four FTT (ou four FAO-Thiaroye de transformation du poisson) été conçu au Centre national de formation des techniciens des pêches et de l’aquaculture (CNFTPA) au Sénégal, en partenariat avec la FAO.
Il a été élaboré à partir des modèles de fours améliorés existants et d’une nouvelle technologie prônant l’utilisation d’accessoires disponibles localement, adaptée aux opérations de transformation artisanale.
Les fours FTT ont été conçus au Centre National de Formation des Techniciens des Pêches et de l’Aquaculture (CNFTPA) au Sénégal, en partenariat avec la FAO. Le four a été élaboré à partir des modèles de fours améliorés existants et d’une nouvelle technologie prônant l’utilisation d’accessoires disponibles localement, adaptée aux opérations de transformation artisanale.
Les fours FTT ont apporté une solution pertinente en matière de qualité du produit, en matière environnementale aussi, avec une diminution de l’utilisation du bois combustible, et en matière de santé, avec une exposition moindre des femmes à la fumée. Cette technique s’inscrit dans le développement durable et la volonté d’autonomisation des femmes.
« Bien sûr, le four FTT ne va pas régler toutes les difficultés des femmes pour accéder aux marchés… Mais le four FTT est un élément essentiel dans notre stratégie pour améliorer vos conditions de vie et de travail, et améliorer l’approvisionnement des consommateurs dans nos pays », souligne Antonia Adama DJALO.
La représentante de la FAO à cet atelier a déclaré : « cette formation est une opportunité unique qui renforcera encore les efforts conjoints de la FAO et de la CAOPA dans la promotion des fours améliorés de fumage tels que les fours FTT qui sont à la fois respectueux de l’environnement, sensible à la dimension de genre et à l’inclusion des femmes, et contribuant à l’essor économique des opérateurs de pêche ».
Au nom de la FAO, Mme Aina Liantsoa Randrianantoandro a réitèré son engagement à poursuivre l’appui technique et financier en vue d’améliorer les conditions de travail et de vie des acteurs de la pêche et de l’aquaculture artisanales, dont les femmes qui en constituent une majorité significative.
Spécialiste en post-capture des pêches au sein de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO Rome, Mme Randrianantoandro rappelle que depuis 2008, la FAO a promu et essayé de disséminer l’adoption des fours FTT.
Comme l’a souligné la vice-présidente de la CAOPA, elle également, indique que « le FTT n’est pas une panacée. On ne règle pas tous les problèmes de la post-capture, ou de la transformation du poisson avec le FTT ».
D’autres aspects de la chaine de valeur sont tout aussi à considérer, les pratiques d’hygiène, les problèmes relatifs à la rareté du poisson, les liens entre les pêcheurs et les transformatrices de poisson, les défis liés à la commercialisation, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, etc.
« Néanmoins, il reste vrai qu’avec l’introduction du FTT au sein d’une communauté de pêche peut constituer un pilier, un rôle moteur pour la construction d’un secteur de pêche durable », conclut Aina Liantsoa Randrianantoandro.
Faut-il noter que la formation a été assurée par Mme Ndiaye Seynabou CAMARA, ingénieure des pêches et de l’aquaculture, consultante, formatrice et valorisation des produits halieutiques.
La formation a porté sur quatre modules dont : les dangers liés à la transformation artisanale des produits halieutiques, les bonnes pratiques de transformations, sensibilisation sur l’altération des produits, et présentation du Four FTT et des recommandations pour sa vulgarisation.
Une immersion du site de transformation artisanale de Mballing (Mabour) a été faite. Instants pour les participantes de voir comment fonctionnent les fours FTT.
Aliou DIALLO