Guinée-Bissau : Des femmes de la pêche artisanale outillées en gestion des petites entreprises

La confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) en partenariat avec l‘Association Nationale des Femmes pour les Activités Economiques (AMAE) a tenu une formation à Bissau (Guinée-Bissau) du 6 au 7 avril 2021. Elle visait à former des femmes évoluant dans le secteur de la pêche, membres associés de l’AMAE.

La vice-présidente de la CAOPA, Antonia Adama Djalo a rappelé que le but est de permettre l’accès des femmes aux mécanismes et institutions d’épargne et de crédit et de présenter des recommandations spécifiques aux gouvernements, aux banques centrales et de développement ainsi qu’aux institutions bancaires afin de structurer leurs services pour offrir des services aux femmes urbaines et rurales impliquées dans la micro, petite et moyenne entreprise. 

Les modules développés par Sérgio Mendes Resende Costa, Consultant en administration et gestion des affaires ont permis aux participantes de comprendre le cycle de création d’une entreprise, de définir le négoce, de savoir planifier les activités, connaître le marché, et l’enregistrement des registres (recettes-dépenses-stock), etc.

Durant les deux jours, les 25 participantes sont outillées entre autres en « éducation financière, leur relation avec l’argent, le budget familial, comment réduire les dépenses non nécessaires, savoir épargner aujourd’hui pour gagner demain, calculer les coûts des produits ou services et fixer le prix de vente en tenant compte du marché ; gestion des petites entreprises ou négoce et partage d’expérience en gestion de caisse de crédit avec la caisse de solidarité de Nianing du Sénégal) ».

« Dans le cas des petites entreprises, les instruments de gestion appropriés sont établis, tels que le registre des coûts et des revenus, c’est-à-dire les dépenses et revenus et la détermination des résultats commerciaux », précise Sérgio Mendes Resende Costa. Il estime que les deux jours sont très juste pour une formation aussi importante.

Le formateur se dit satisfait de ce qui a été fait. « On est arrivé à un bon résultat à la fin des deux jours ».

Car en Guinée-Bissau, explique-t-il, l’économie est gérée par les femmes. « Il n’y a pas de secteur privé en Guinée-Bissau. Ce sont les femmes du secteur informel qui détiennent l’économie ».

Sérgio Mendes Resende Costa a soutenu que les femmes de la Guinée-Bissau travaillent dans des conditions difficiles. « [car] il leur manque du matériel et des financements. Il n’y a pas des banques de crédits. Les institutions de microfinances ne fonctionnent pas en Guinée-Bissau ».  

Son point de vue est partagé par Mme Maria CHEHAD, vice-président de l’AMAE. « Ici en Bissau, nous n’avons pas des banques de microcrédits. Nous avons des banques commerciales. Avec ces banques, il y a tellement des garanties qu’elles demandent et qu’aucune vendeuse de poisson ne peut donner ».

Elle préconise la mise en place des banques de développement qui acceptent d’accorder des petits crédits aux femmes pour qu’elles puissent travailler « sans problème ».

Malgré les contraintes soulevées par les femmes de la Guinée-Bissau, Mme Fatou SENE, gestionnaire de la caisse de solidarité des femmes de Nianing (Sénégal) se dit optimiste. Elle a conseillé à ses collègues de s’organiser en groupement, en association de femmes, et qu’elles aient confiance en elles-mêmes pour avoir plus de force et pouvoir mobiliser des ressources. « Si chacune met sa main, ce sont les bailleurs des fonds ou l’Etat lui-même qui viendront vers elles pour les assister », a-t-elle assuré.

Parlant de son expérience de gestionnaire de la caisse de solidarité de Nianing, elle a précisé : « l’objectif de notre caisse est d’améliorer le pouvoir d’achat et d’autonomisation de nos membres pour mieux s’organiser, valoriser et rentabiliser nos activités, ceci dans la durabilité ».

Au sortir de la formation, ont pris l’engagement de mettre en pratique les leçons apprises. Elles recommandent à la CAOPA et à d’autres partenaires de poursuivre les formations de ce genre, de les financer afin d’améliorer leurs valeurs ajoutées et à renforcer leurs activités.

Mamadou Aliou Diallo

CAOPA

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