L’avenir sera plein de défis pour les communautés de pêche africaines et des pays ACP, avec les effets du réchauffement climatique qui se font déjà sentir sur nos activités : érosion des côtes due à la montée des eaux, conditions de navigation en mer plus difficiles, déplacement des ressources plus au large, etc.
Pour relever ces défis, nous sommes encouragés par les Objectifs de Développement Durable adoptés par les Nations Unies en 2015, en particulier l’Objectif 14b, de « Garantir à la pêche artisanale l’accès aux ressources de pêche et l’accès aux marchés ». Atteindre cet objectif doit se faire par des actions concrètes, et nous avons identifié trois domaines prioritaires d’actions pour l’Année internationale en 2022 pour lesquelles les acteurs non étatiques et les organisations professionnelles et ses membres ont des expériences d’actions concrètes à partager.
Notre première priorité, c’est d’avoir un accès sécurisé aux ressources
Les États devraient octroyer des droits de pêche exclusifs aux pêcheurs artisans dans les zones côtières. Ces zones de pêche doivent être protégées de pratiques de pêche industrielle comme le chalutage. Ces zones réservées à la pêche artisanale doivent être mises en co-gestion, et inclure des outils de conservation des écosystèmes, comme des aires marines protégées gérées en concertation avec les communautés dépendantes de la pêche.
Des moyens logistiques et humains plus importants doivent être alloués pour le suivi, le contrôle et la surveillance des zones côtières, y compris le développement d’un système de surveillance participative associant les pêcheurs artisans.
La signature par les pays et la mise en œuvre de la convention 188 de l’organisation internationale du travail (OIT) permettra d’améliorer la sécurité en mer des pêcheurs, un élément essentiel pour sécuriser l’accès aux ressources des pêcheurs artisans. La formation des capitaines de pirogues, l’utilisation de nouvelles technologies (géo-localisation, etc.), et la sensibilisation des pêcheurs aux enjeux de sécurité sont essentiels pour rendre la profession plus attractive pour les jeunes.
Notre deuxième priorité, c’est de promouvoir la place des femmes dans la pêche artisanale africaine
Les femmes sont le pilier des communautés de pêche artisanale, et un maillon essentiel pour acheminer le poisson vers les consommateurs locaux et régionaux.
Les États devraient accorder une attention prioritaire à l’amélioration des conditions de travail des femmes travaillant dans la filière de la pêche artisanale et investir dans les services et infrastructures nécessaires.
Notre troisième priorité, c’est de protéger la pêche artisanale africaine de la compétition des autres secteurs de l’économie bleue
La pêche artisanale est l’activité d’exploitation des océans la plus importante, en termes socio-économique et culturel, et pour fournir un aliment de grande qualité à des prix abordables.
Notre inquiétude aujourd’hui, c’est la compétition des autres secteurs inclus dans les stratégies d’économie bleue, financièrement et politiquement plus puissants, comme l’exploitation de pétrole et de gaz, le tourisme, les usines de transformation de poisson en farine.
L’approche de précaution doit guider le développement de l’économie bleue. Aucune nouvelle activité d’utilisation des océans ne devrait être permise par les États, ni soutenue par des bailleurs de fonds, si elle impacte négativement les écosystèmes (pollution pétrolière par ex.) et les activités des communautés qui en dépendant pour vivre.
Nos États devraient réaliser des études d’impacts sociaux et environnementaux indépendantes, dans la plus grande transparence et avec la participation des communautés côtières affectées.
Nos États devraient mettre en place des mécanismes transparents de consultation et de résolution des conflits entre les usagers des espaces maritimes, qui permettent une participation informée et active des communautés de pêche affectées.
Merci pour votre attention