Au Sénégal, le secteur de la pêche occupe une place importante dans les politiques et stratégies de développement économique et social, de par sa contribution significative à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Le poisson issu de la pêche demeure, pour la population sénégalaise, une ressource de première importance, qu’il s’agisse de l’alimentation, de la nutrition, des revenus ou des moyens d’existence.
La pêche assure près de 70% des apports en protéines d’origine animale à travers une consommation moyenne de 29
kg par habitant, un chiffre qui fait du Sénégal un des plus grands consommateurs du monde de produits halieutiques.
Le sous-secteur de la pêche contribue à 3,2% au PIB national et 10% de la valeur ajoutée du secteur primaire. En 2019, la pêche représentait le premier poste d’exportation du pays en fournissant 13% des recettes d’exportation.
La pêche artisanale assure plus de 80 % des débarquements au niveau des différents sites allant de Saint Louis au Cap Skiring.
Toutefois, les activités de pêche sont confrontées à un certain nombre de défis, à savoir l’éloignement des zones de pêche et l’augmentation de la durée des marées du fait de la raréfaction des ressources et de la demande croissante en poissons et autres ressources halieutiques.
À Saint-Louis, outre le changement climatique, on note les actions anthropiques, notamment avec l’ouverture de l’embouchure. Ainsi, les conditions de navigation maritime deviennent de plus en plus difficiles à Saint-Louis et conduisent à de nombreux obstacles à la navigation entraînant des chavirements de pirogues.
Formation des capitaines de pirogues
Pour conscientiser les pêcheurs, en particulier les capitaines de pirogue, la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) les a capacité sur la sécurité maritime et les nouvelles de géolocalisation.
C’est à la faveur d’un atelier tenu du 10 au 12 janvier 2023 avec l’appui financier de Oak Foundation.
L’objectif était de faire connaître aux jeunes capitaines de la pêche artisanale, les enjeux sécuritaires, la nécessité de conserver les ressources halieutiques dans un contexte de raréfaction des ressources et un engagement responsable dans les actions.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par l’inspecteur régional des pêches et de la surveillance de Saint Louis.
Dans son propos, M. Lamine DIAGNE a déclaré que : « cette rencontre intervient dans un contexte particulier de changements climatiques et surtout, de houles dangereuses qui ne cessent d’impacter négativement sur la sécurité des pêcheurs en mer. Et, elle permettra aux capitaines de pirogues de faire face à leur responsabilité ».
Regroupant des Capitaines de pirogues de Saint Louis, Gandiol, Lompoul et Potou, cet atelier est le deuxième du genre qu’a organisé la CAOPA. Le premier atelier remonte en décembre et ayant réuni une trentaine de capitaines de pirogue de la pêche maritime et continentale.
Le président du Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanale au Sénégal (CONIPAS) a salué l’initiative de la CAOPA et ses partenaires pour l’organisation d’un tel atelier à l’endroit de ses membres, qui, selon lui, est à multiplier sur tout le littoral.
Malik FALL estime que la rencontre devra permettre de savoir : « qui est capitaine, quels rôles et quelle responsabilité incombent un capitaine de pirogue vis-à-vis de l’équipe et de la ressource ».
Pour sa part, le président de la CAOPA a indiqué les motifs ayant conduit à organiser une telle formation.
« Aujourd’hui, nous sommes en train d’inventorier beaucoup d’accidents, des morts et des disparitions en mer. Je ne dis pas que c’est la responsabilité totale des capitaines. Mais j’estime que s’ils sont bien formés et informés pour savoir manager leurs équipages, ça peut limiter ce que nous observons », a déclaré Gaoussou Gueye.
Il a également évoqué les enjeux et les opportunités à venir, suite à l’exploitation du pétrole et du gaz. « Cette situation en rapport aux plateformes pétrolières et gazières doit engendrer de nouveaux comportements des acteurs et des professionnels de la pêche. Et ces professionnels du secteur de la pêche doivent maîtriser les délimitations sécuritaires de ces plateformes, pour éviter d’éventuels accidents en mer », a conseillé M. Gueye.
Visite du quai de pêche de Guet Ndar
Dans l’après-midi du mardi 10 janvier 2023, les participants de l’atelier ont effectué une visite au quai de débarquement de Guet Ndar (Saint Louis) et un chantier de construction des pirogues.
Objectif : Constater, noter, poser des questions. Au retour de terrain, ils ont formulé des recommandations pour l’amélioration des conditions de travail des professionnels de la pêche artisanale.
Durant l’immersion, les bénéficiaires ont échangé avec le secrétaire exécutif du Quai ;
Une femme mareyeuse ;
Un capitaine de pirogue, de retour de la mer ;
Un pêcheur de la scène tournante ; et
Un responsable des charpentiers du quai ;
Durant les 72 heures, les participants ont eu l’occasion d’être édifiés sur l’arrêté, définissant les critères de désignation des capitaines, la sélectivité des engins de pêche ; la sécurité en mer ; la convention 188 de l’OIT ; Nouvelles technologies de géolocalisation (aspects théorique et pratique), entre autres.
Une délégation de la CAOPA reçue par l’adjointe du Gouverneur
En ce jeudi 12 janvier 2023, le Président de la CAOPA M. Gaoussou Gueye, en compagnie d’une équipe de la CAOPA, de l’inspecteur régional de pêche, M. Lamine Diagne, et du Président du CONIPAS ont été reçus en audience par l’adjointe au gouverneur de Saint-Louis, chargée des affaires administratives, Mme Fatoumata Mokhtar Fall Faye.
Durant une demi-heure, M. Gueye a présenté la CAOPA, expliqué ses objectifs, sa vision, les enjeux et défis de la pêche artisanale africaine, spécifiquement à Saint Louis, avec l’exploitation en vue, du pétrole et du gaz.
Le président de la CAOPA a informé que les participants à la formation ont été visiter le quai de pêche de Guet Ndar.
Selon lui, le constat est alarmant : « Nous avons remarqué un manque criard d’infrastructures de bases. L’insalubrité du quai de débarquement, avec un nombre important des déchets plastiques, le non-respect du port de gilets de sauvetage par les pêcheurs, dû à l’indisponibilité de ces gilets que le ministère de tutelle devrait mettre à disposition. Pourtant, nous sommes là pour parler de la sécurité des praticiens de la mer », a-t-il insisté.
Gueye a proposé à l’autorité de conjuguer ensemble les efforts pour informer et sensibiliser les professionnels sur l’ensemble des préoccupations.
Le président de la CAOPA et Coordinateur continental des acteurs non étatiques a informé Mme FAYE que la CAOPA est prête à accompagner Saint Louis pour améliorer les conditions de travail des professionnels de la pêche artisanale, sous l’égide des autorités. Car, les premiers partenaires de la CAOPA restent les gouvernements des États membres.
Ainsi, de manière urgente, la CAOPA s’est engagée à travailler avec le Gouvernorat et le CONIPAS pour organiser de journées de sensibilisation sur la protection de l’environnement, et aider à trouver du matériel de nettoiement des plages. « Mais, insiste M. Gueye, vous devez vous engager à utiliser de façon efficiente, dans l’intérêt de tous, le matériel qui sera mis à votre disposition ».
En retour, Mme Faye au nom du Gouverneur s’est réjouit de cette visite et remercié toute la délégation pour cette initiative. Elle a affiché l’ouverture du Gouvernorat à travailler avec la CAOPA, car, « la pêche à Saint Louis rencontre d’énormes problèmes ».
Pour elle, la CAOPA est arrivée à un moment crucial pour le secteur de la pêche dans la région.
Selon Mme Fatoumata Fall Faye, l’un des problèmes auxquels son administration est confrontée, c’est le fait d’avoir un seul interlocuteur, car il existe un nombre pléthorique d’organisations de pêche.