Sénégal: Fin de l’atelier de « plaidoyer pour la finalisation du projet de l’Arrêté portant statut du pêcheur surveillant », à Saly au Sénégal, organisé par la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA).
L’atelier qui s’est tenu les 17 et 18 octobre 2022 a réuni une trentaine des professionnels de la pêche artisanale, un parlementaire, l’administration des pêches, des journalistes et animateurs d’émission de pêche, la Société civile, etc. la rencontre s’est achevée sur une note de satisfaction après des exposés et des travaux de groupes.
Du contexte
Depuis 2005, le Sénégal a mis en œuvre, dans le cadre du Programme de Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières (GIRMaC), une approche de cogestion de la pêche artisanale, financée par la Banque Mondiale. Depuis, la gouvernance des pêches maritimes artisanales a évolué avec la mise en place des Conseils Locaux de Pêches (CLP), des Conseils Locaux de Pêche Artisanale (CLPA) qui, dans leur mission, du dispositif de surveillance des pêches dévolue à la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP).
En 2015, l’étude commanditée par le PRAO-SN sur la codification de la surveillance participative avait formulé des recommandations, notamment la mise en place d’un mécanisme de statut du pêcheur surveillant, mais depuis, aucune suite n’a été donnée.
C’est dans ce cadre que la CAOPA organise deux jours d’atelier, avec l’ensemble des acteurs, afin d’identifier les obstacles pour la sortie de l’Arrêté sur le statut du surveillant pêcheur et d’analyser la réglementation, les systèmes et les outils pour la mise en œuvre d’une surveillance participative efficace et efficiente.
Plaidoyer de la CAOPA
Le Président de la CAOPA déclare : « Les pêcheurs artisans peuvent contribuer à la lutte contre la pêche INN dans les zones côtières par la surveillance participative ». Pour cela, ajouté Gaoussou GUEYE, « il faudrait fournir aux pêcheurs du matériel leur permettant d’informer directement les autorités des activités suspectes. La surveillance participative peut être efficace, mais elle doit être renforcée par une définition claire des rôles et des responsabilités des pêcheurs et des autorités ».
Ainsi, « la CAOPA plaide pour que l’arrêté sur le statut du pêcheur surveillant soit sorti par les autorités et appliqué », a-t-il défendu.
Surveillance participative
Le Programme Manager de Global Fishing Watch en Afrique de l’Ouest et du Centre affirme : « La surveillance participative contribue de manière significative dans la gestion des ressources halieutiques. Elle constitue un élément complémentaire de l’Administration centrale dans le cadre de la protection et de la surveillance des pêches ».
Dame MBOUP souligne que la participation des acteurs de la pêche à cette activité constitue un élément majeur permettant une appropriation par le pêcheur de la protection des pêches.
« C’est pourquoi il est important qu’un dispositif réglementaire adéquat soit mis en place pour encadrer les activités relatives à la surveillance participative à laquelle toutes les parties concernées, l’administration, les acteurs de la pêche et la société civile devraient contribuer », ajoute le capitaine de vaisseau.
Le représentant du centre de recherches océanographiques Dakar Thiaroye (CRODT) souligne l’importance de la recherche dans la gestion des ressources halieutiques. Modou THIAW dit : « La recherche pourrait mettre à la disposition des acteurs toutes informations utiles portant sur les tailles de captures, les types d’engins de pêche, le maillage et zones de pêche. Elle peut assurer la formation des acteurs surveillants sur les techniques de mesures des espèces (poissons mollusques, crevettes) et les techniques de contrôle (moule, maillage). La recherche joue comme d’habitude un rôle de conseil aux différents CLPA ».
Pour la première fois, un parlementaire assiste aux travaux des acteurs de la pêche artisanale, organisés par la CAOPA. Hon. Pape Djibril FALL, membre de la commission Développement rural (pêche, élevage, agriculture et hydraulique rurale) a pris part à cette rencontre.
Selon lui, participer à cet atelier est une occasion pour mieux comprendre ‘’les préoccupations et aspirations’’ des acteurs de la pêche.
« Il est primordial d’avoir un dispositif législatif autour de leur statut pouvant les (pêcheurs artisans) permettre de faire ce travail (surveillance) dans une approche participative de cogestion car leur implication est fondamentale », dit le député.
De son côté, la direction protection et de la surveillance des pêches (DPSP), représenté par l’Ingénieur de pêche Ousmane Niang SEYE a passé en revue la procédure de codification de l’acteur surveillant.
D’après M. SEYE, la codification de la surveillance participative a été enclenchée depuis 2012.
Mais avant cette codification, « des efforts considérables ont été faits dans le cadre de la surveillance des pêches à travers les appuis sectoriels, issus des accords des pêches entre le Sénégal et l’Union Européenne mais aussi à travers un projet en cours de mise en œuvre avec le PRCM », a-t-il exprimé.
À date, précise M. SEYE, Sept CLPA sont concernés. « Ils reçoivent des appuis en termes de formations, d’équipements de sécurité, équipements d’aide à la navigation secondaire, de formation sur la surveillance participative, sur la sécurité, le secourisme, etc. »
Avant de boucler les travaux, les participants ont formulé des recommandations pour un statut effectif des « acteurs surveillants » au Sénégal.
- Créer un comité de relecture de la dernière mouture du projet d’arrêté et d’inviter un représentant de chaque Conseil Local de Pêche Artisanale (CLPA), notamment les acteurs qui ont participé à l’atelier de plaidoyer de finalisation de l’arrêté.
Les participants remercient la CAOPA pour avoir pensé à rassembler les différentes parties prenantes autour de cet instrument pour permettre une vision plus claire de l’activité de la pêche artisanale pour une gestion durable des ressources halieutiques et au bénéfice des populations.
Mamadou Aliou Diallo