Cet article se base sur le rapport intitulé “Évaluation rétrospective et prospective du protocole à l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et la République du Sénégal“.
Le rapport examine un accord entre l’Union européenne (UE) et le Sénégal concernant la pêche durable. Cet accord, mis en place pour la période de 2019 à 2024, vise à permettre aux navires européens de pêcher dans les eaux sénégalaises tout en respectant des règles pour protéger l’environnement marin et soutenir les communautés locales.
Contexte de l’Accord
Le secteur de la pêche est crucial pour l’économie sénégalaise. En 2022, les exportations de produits de la pêche ont atteint 227 157 tonnes, générant environ 210,75 milliards de FCFA. Ce secteur contribue environ à 3 % du PIB du Sénégal. L’accord entre l’UE et le Sénégal permet à un maximum de 45 navires européens de pêcher dans les eaux sénégalaises en échange d’une compensation financière annuelle de 1 700 000 EUR, dont 900 000 EUR sont destinés à soutenir la politique de pêche du Sénégal.
Mise en Œuvre du Protocole
Le protocole permet à différents types de navires de l’UE de pêcher au Sénégal :
– 28 thoniers senneurs congélateurs,
– 10 thoniers canneurs,
– 5 palangriers de surface,
– 2 chalutiers démersaux profonds.
Pour les espèces hautement migratoires comme les thons, il n’y a pas de limite de capture, tandis que pour les chalutiers démersaux, la limite est fixée à 1 750 tonnes par an. En échange de ces droits de pêche, l’UE verse 800 000 EUR par an, avec des montants supplémentaires si les captures dépassent un certain seuil.
Résultats et Défis
Entre 2019 et 2022, l’activité des navires européens a fluctué. Par exemple, en 2019, les captures ont atteint 10 332 tonnes, mais ont chuté à 1 049 tonnes en 2022, principalement en raison de l’interdiction de la pêche à l’appât dans la baie de Hann. Cette baisse a été marquée par une réduction de l’activité des thoniers canneurs.
Les captures annuelles des navires de l’UE dans les eaux sénégalaises s’élèvent en moyenne à 1 756 tonnes, dont 47 % sont des thons. Les navires européens pêchent principalement au large pour minimiser les interactions avec la pêche artisanale locale.
Soutien à la Politique Sectorielle de Pêche
Une part significative de la compensation financière de l’UE est destinée à soutenir la politique de pêche du Sénégal. Cet appui aide à financer des initiatives pour gérer durablement les ressources marines et améliorer les conditions de vie des communautés de pêcheurs. Par exemple, l’accord prévoit des fonds pour des projets visant à renforcer les capacités locales de gestion des pêches et à développer l’aquaculture.
Recommandations pour l’Avenir
Pour assurer la durabilité des ressources halieutiques, le rapport recommande plusieurs mesures.
Il propose une réduction de l’effort de pêche pour certaines espèces, comme la sardinelle plate, et des restrictions sur l’utilisation des captures pour la production de farine de poisson.
Il est également suggéré de mettre en place des mesures pour protéger les juvéniles de maquereau, une espèce actuellement pleinement exploitée.
La négociation d’un nouveau protocole révisé excluant les possibilités de pêche pour le merlu noir et se concentrant exclusivement sur la pêche au thon est considérée comme étant l’option la plus adaptée.
Renforcer les mesures de contrôle et de surveillance pour éviter la surpêche.
Accroître le soutien à l’aquaculture pour réduire la pression sur les stocks sauvages.
Améliorer les conditions de travail des marins locaux et assurer une répartition plus équitable des bénéfices de la pêche.
Le protocole entre l’UE et le Sénégal représente une initiative importante pour la gestion durable des ressources marines. Bien qu’il ait permis aux navires européens de pêcher dans les eaux sénégalaises, il a aussi posé des défis en termes de gestion des captures et de protection des écosystèmes marins. Les recommandations du rapport visent à améliorer ces aspects pour les futurs accords, en mettant l’accent sur la réduction de l’effort de pêche et la protection des stocks halieutiques.