L’accès des femmes au foncier : un enjeu crucial pour la pêche artisanale africaine

Accès des femmes de la PA au foncier

Saly, Sénégal – 22 et 23 novembre 2024 : Dans un cadre chaleureux, mais non moins chargé d’enjeux, Saly (Mbour) a accueilli un atelier d’une importance capitale organisé par la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA). Axée sur l’accès des femmes de la pêche artisanale au foncier, cette rencontre a rassemblé plus de 50 représentants venus de plusieurs pays africains. Cet événement, soutenu par des partenaires tels queTurning Tides et la Coalition pour des accords de pêche équitables (CAPE), s’inscrit dans une démarche visant à garantir des droits égaux pour les femmes dans un secteur où elles jouent un rôle fondamental, mais souvent sous-valorisé.

Un contexte alarmant

Les femmes de la pêche artisanale occupent une place essentielle dans la chaîne de valeur. Elles récoltent, transforment, commercialisent et contribuent ainsi à la sécurité alimentaire des communautés côtières. Pourtant, elles sont particulièrement vulnérables face à des défis croissants. Mme Perus Logose, représentante des femmes de la CAOPA, a rappelé dans son allocution :

Perus Logose Foncier
Perus Logose, photo – Aliou DIALLO -CAOPA 

« L’absence de droits fonciers fragilise les femmes dans leur lutte pour occuper des espaces littoraux où elles ont exercé leurs activités depuis des générations. Cette précarité les expose à l’expropriation par des secteurs plus puissants de l’économie bleue. »

La compétition pour l’accès aux terres côtières et aux espaces marins devient de plus en plus féroce. Les multinationales, appuyées par certains États, occupent des zones traditionnellement utilisées par les communautés locales, privant ainsi les femmes de leurs moyens de subsistance.

Des réalités partagées et des défis communs

Participants atelier sur l'accès au foncier-
Participants atelier sur l’accès au foncier – Aliou DIALLO -CAOPA

Lors de cet atelier, les témoignages poignants des participants ont mis en exergue des problématiques transversales, notamment :

  • Le déguerpissement forcé des zones de transformation et de commercialisation ;

  • L’absence d’espaces dédiés pour la vente des produits ;

  • L’accès limité au financement pour moderniser les infrastructures ;

  • La privatisation du littoral par des acteurs externes.

Mme Perus Logose a aussi exprimé : « Les femmes sont souvent exclues des processus de gestion des ressources. Elles perdent leurs lieux de travail face à la concurrence d’autres secteurs et à cause d’un manque de reconnaissance de leurs droits. »

De telles situations compromettent directement la sécurité alimentaire des communautés et fragilisent les efforts de résilience face aux défis environnementaux et économiques.

Vers des solutions concrètes : plaidoyers et stratégies

Mamadou Mignane DIOUF
Mamadou Mignane DIOUF

Les débats ont conduit à l’élaboration de recommandations pratiques et ambitieuses. L’une des plus marquantes est la nécessité d’un plaidoyer pour intégrer les femmes dans les dispositifs législatifs et politiques. Monsieur Mignane Diouf, facilitateur de l’atelier, a présenté un exemple de lois sur le littoral au (Sénégal) dont l’urgence est de garantir des droits fonciers sécurisés aux femmes.

Mme Imke-Friederike Tiemann-Middleton, représentant Pain pour le Monde, a insisté sur l’importance de la visibilité et de la reconnaissance du rôle des femmes :
« La contribution des femmes doit être rendue visible et leur droit à la terre doit être garanti. Sans cela, leur autonomie et leur sécurité économique resteront compromises. »

Les participants ont également souligné l’importance de la formation et de la sensibilisation pour renforcer la connaissance des droits et mobiliser les communautés dans un plaidoyer commun.

Recommandations adoptées : un chemin vers l’autonomisation

Les travaux de groupes ont permis d’aboutir à des recommandations adressées à différents acteurs :

En clôturant l’atelier, Monsieur Chérif Sambou, Conseiller technique du Ministre des Pêches, a salué les travaux réalisés et rappelé :

Cherif Sambou – Conseiller technique du Ministre des Pêches

« Cet atelier arrive à point nommé, car il aborde des problématiques fondamentales pour les femmes, mais aussi pour la pêche artisanale dans son ensemble. Les recommandations seront transmises au Ministre pour une prise en compte au plus haut niveau. »

La Gambie, se proposant d’accueillir la célébration du 8 mars 2025, portera ces préoccupations à l’échelle régionale. Monsieur Gaoussou Gueye, dans ses derniers mots, a exhorté les femmes à poursuivre leurs efforts en vue de cette journée importante.

Cet atelier a été bien plus qu’une simple rencontre. Il a incarné une mobilisation collective pour le droit des femmes à occuper, investir et valoriser les espaces littoraux et marins. En leur offrant un accès sécurisé au foncier, c’est la résilience de toute la communauté qui est renforcée, comme l’a rappelé Mme Perus Logose :

Gaoussou Gueye, Président CAOPA
Gaoussou Gueye, Président CAOPA


« Garantir nos droits fonciers, c’est assurer un avenir durable à nos familles et à nos communautés. »

L’initiative de la CAOPA a démontré que, malgré les défis, des solutions concrètes et des perspectives positives peuvent émerger lorsque les voix des femmes sont non seulement entendues, mais intégrées dans les stratégies d’avenir.

Mamadou Aliou DIALLO

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