La pêche artisanale demande aux décideurs d’agir maintenant lors de la conférence des Nations unies sur les océans

27 juin 2022, Lisbonne

COMMUNIQUÉ DE PRESSE CONJOINT

#UNOC #IndigenousRights #DecoloniseConservation #UNOceans

  • La pêche à petite échelle n’a de petite que le nom. Un demi-milliard de personnes, soit 7 % de la population mondiale, en dépendent au moins partiellement pour leur alimentation, leur emploi et leurs revenus. La pêche artisanale constitue le plus grand groupe d’utilisateurs des océans. Alors qu’ils ont le moins contribué à la situation de crise qui touche les océans, ils sont parmi les plus touchés par celle-ci. Cependant, leurs besoins, leurs rôles et leurs droits sont souvent ignorés, et ils sont généralement mis sur la touche ou exclus des grandes discussions politiques qui affectent directement leur vie et leurs moyens de subsistance.
  • À l’occasion de la conférence des Nations unies sur les océans (UNOC) qui se tient à Lisbonne, les pêcheurs artisans demandent aux décideurs de les écouter, de les consulter et de les inclure davantage dans l’élaboration des politiques et dans les discussions.
  • La conférence offre une occasion cruciale de trouver une approche plus équitable de la gestion des océans et de mettre les droits humains au cœur de l’objectif des Nations unies de “mobiliser et ouvrir un nouveau chapitre de l’action mondiale en faveur des océans“.
  • Les organisations de pêche artisanale d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, d’Europe et du Pacifique organisent le 28 juin le lancement de leur appel à l’action lors de la conférence des Nations unies sur les océans. Venez assister à l’événement : Un appel à l’action des communautés de pêche artisanale, utilisateurs vitaux des océans“.

La pêche artisanale constitue le plus grand groupe d’utilisateurs des océans de la planète, et leurs activités fournissent de la nourriture ou un revenu à un demi-milliard de personnes. Pourtant, dans les processus décisionnels, leurs besoins passent souvent après les intérêts des grandes entreprises, et ils sont généralement exclus des décisions politiques qui affectent de manière disproportionnée leur vie et leurs moyens de subsistance.

Si nous n’agissons pas dès maintenant, la conférence de Lisbonne menace de saper encore davantage les intérêts de ces communautés. Le projet final de déclaration de la Conférence, intitulé “Notre océan, notre avenir, notre responsabilité”, ne reconnaît pas l’immense contribution de la pêche artisanale à la sécurité alimentaire, à l’emploi, aux revenus et à la protection des océans et soutient même des initiatives susceptibles de saper ce rôle vital. La déclaration met l’accent sur l’intention de “développer et promouvoir des solutions de financement innovantes pour favoriser la transformation vers des économies durables basées sur les océans”. Mais nous ne voyons pas comment les initiatives proposées pourraient bénéficier aux communautés côtières de pêche. 

Les proclamations générales appelant à une “action mondiale pour les océans” n’ont aucun sens si elles ne garantissent pas l’inclusion du plus grand groupe d’utilisateurs des océans. C’est pourquoi nous demandons aux décideurs d’impliquer davantage les communautés côtières et les organisations de pêche artisanale dans les espaces décisionnels importants tels que UNOC, et d’adopter une approche de la conservation marine basée sur les droits humains. Nous voulons voir des politiques de développement qui donnent la priorité au soutien de la pêche artisanale dans les discussions et la déclaration de UNOC, et au-delà.

La pêche artisanale des cinq continents a lancé un appel mondial à l’action pour s’assurer que sa voix soit entendue par les décideurs lors de UNOC. Ils demandent aux gouvernements et aux dirigeants du monde entier de protéger et de soutenir davantage la pêche artisanale.

Ils appellent les décideurs à :

  • Garantir de toute urgence un accès préférentiel et renforcer la cogestion des zones côtières.
  • Garantir et promouvoir la participation des femmes dans la pêche
  • Protéger les pêcheries artisanales des secteurs concurrents de l’économie bleue
  • Accroître la transparence et la redevabilité dans la gestion de la pêche
  • Augmenter le soutien aux communautés, en particulier aux jeunes, pour faire face aux conséquences du changement climatique.

Rejoignez notre événement parallèle à UNOC

La pêche artisanale d’Afrique, d’Amérique, d’Asie, du Pacifique et d’Europe, représentant plus de 30 organisations, vous invitent à un petit-déjeuner le 28 juin, pour lancer une déclaration mondiale de la pêche artisanale  appelant les dirigeants mondiaux présents à UNOC à agir sans plus attendre. Participez à cet événement : Un appel à l’action des communautés de pêcheurs artisanaux, utilisateurs vitaux des océans, en personne ou en ligne (il suffit de cliquer pour rejoindre la réunion ou d’ajouter au calendrier ici), et entendez la voix du groupe le moins représenté des utilisateurs des océans à l’UNOC, qui sont les plus touchés par ses impacts.

Gaoussou GUEYE, Président de la Confédération Africaine des Organisations de Pêche Artisanale (CAOPA)

Citations de représentants de la pêche artisanale :

Gaoussou Gueye, président du CAOPA (Sénégal) :

“Nous sommes préoccupés par la marginalisation de la pêche artisanale dans les stratégies d’économie bleue de nos pays. Nous ne pouvons pas survivre si nous devons concurrencer des secteurs puissants, polluants et destructeurs de l’environnement marin et côtier. Face à cette menace, nous appelons les gouvernements à adopter une approche de précaution. Ne donnez pas le feu vert à une économie bleue destructrice !”.

Micheline Dion Somplehi, Présidente de l’Union des coopératives de femmes transformatrices du poisson USCOFEPCI (Côte d’Ivoire) :

Micheline Dion Somplehi, Présidente de l’Union des coopératives de femmes transformatrices du poisson USCOFEPCI (Côte d’Ivoire)

“La pêche artisanale concerne autant les femmes que les hommes. Mais leur contribution est souvent invisible, tandis que leurs conditions de travail sont désastreuses. Il est essentiel que les gouvernements s’engagent de manière visible et durable à les reconnaître comme des actrices clés de la filière pêche, qui sont à l’origine de nombreuses innovations permettant une meilleure utilisation de nos ressources au bénéfice de nos populations. Pour cela, les femmes doivent avoir accès aux financements, aux ressources halieutiques et au bien-être social. C’est à ces conditions que nous pourrons protéger ces océans, qui sont la source de notre existence.”

Alhafiz Atsari, KNTI (Indonésie) :

“Les pêcheurs artisans sont contraints de vivre avec des géants. Ces géants sont des navires de pêche qui utilisent des engins de pêche destructeurs, comme les chalutiers de fond. Ils occupent beaucoup d’espace. Ils sont avides et ne font attention à rien. Et ils détruisent tout dans l’océan. Ces géants destructeurs sont des produits coloniaux qui ont été introduits en Indonésie sous prétexte que la pêche artisanale est incapable de produire et de traiter efficacement le poisson. La pêche artisanale est impuissante à les affronter ou à les chasser. Nous sommes obligés de vivre avec eux.”

David Chacon Rojas : Président de CoopeTarcoles R.L. (Costa Rica)

“Là où il y a la faim, il n’y a pas de conservation”.

Maria Carrillo : Coordinatrice de l’Association des femmes transformatrices de crevettes à Barra del Colorado (Costa Rica).

“Il semble que nous, femmes des côtes et des mers, et notre travail, soyons invisibles au monde”.

Citations d’organisations de soutien :

Annie Tourette, responsable du plaidoyer chez Blue Ventures (Global)

Annie Tourette, responsable du plaidoyer chez Blue Ventures (Global) :

“La pêche artisanale emploie plus de personnes que tous les autres secteurs de l’économie océanique réunis. C’est le groupe le plus touché par les décisions de gouvernance des océans, mais ils sont exclus de nombreuses discussions politiques. Les communautés côtières et la pêche artisanale n’a pas de siège à la table des décisions, mais ils sont loin d’être les victimes passives des urgences écologiques et climatiques. Ils sont les défenseurs de première ligne de la nature et de la biodiversité, et les dirigeants mondiaux doivent les écouter sans plus tarder.”

Béatrice Gorez, coordinatrice de CAPE

Béatrice Gorez, coordinatrice de CAPE (mondial) :

“UNOC étant axée sur l’innovation, la déclaration finale de la conférence devrait reconnaître les innovations efficaces, fondées sur les connaissances locales et traditionnelles, introduites par les communautés de pêche artisanale, pour relever des défis essentiels tels que l’amélioration de la gestion des pêcheries et la conservation du milieu, l’amélioration des conditions de travail et de vie, l’accès à des matières premières de bonne qualité ou une meilleure utilisation des énergies renouvelables, notamment pour les activités de transformation du poisson. Ces innovations aident les communautés côtières dépendantes de la pêche à devenir plus résilientes.”

Vivienne Solis Rivera, CoopeSoliDar R.L. (Costa Rica)

“La pêche artisanale est fortement menacée par le mouvement de l’économie bleue qui se concentre sur les intérêts économiques des ressources marines. La pêche artisanale est un mode de vie et elle a besoin d’une perspective intégrale allant au-delà de l’économie pour pouvoir survivre. Le monde s’en souviendra lorsque les gens iront au marché et que le poisson ne sera plus là.”

Dr Hugh Govan, conseiller en plaidoyer et politique, le réseau LMMA

Dr Hugh Govan, conseiller en plaidoyer et politique, le réseau LMMA (mondial) :

“Le thème de la conférence est l’innovation. Ce qui serait réellement innovant, c’est que les gouvernements et les donateurs reconnaissent le rôle important que jouent déjà les communautés de pêcheurs côtiers, non seulement pour nourrir le monde, mais aussi pour gérer ces ressources et habitats vitaux. Les exemples de communautés gérant les ressources halieutiques et les écosystèmes côtiers en collaboration avec les gouvernements se multiplient dans le monde. Mais ce qu’il faut de toute urgence, c’est un engagement et une ambition bien plus grands de la part des gouvernements pour reconnaître et protéger les droits de ces millions de personnes oubliées des impacts de la pêche industrielle et du développement débridé.”

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