Ce 8 juin 2023, nous célébrons la Journée mondiale des océans. A cette occasion, les communautés de la pêche artisanale africaine ont fait une déclaration. Elle est lue par Dorcas Malogho de la cellule des jeunes de la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA). Pour plus d’informations, nous vous invitons à lire, ci-dessous, l’intégralité de la déclaration.
## La Journée mondiale des océans est l’occasion de célébrer la valeur des océans et de promouvoir des pratiques durables pour restaurer et conserver leur beauté et leur richesse. Nous, les communautés de pêcheurs côtiers, sommes les plus nombreux à utiliser les océans. En Afrique, les femmes et les hommes qui pratiquent la pêche artisanale contribuent largement aux moyens de subsistance, à l’emploi, à la sécurité alimentaire et aux revenus.
Pour nous, il est grand temps d’inverser la tendance en ce qui concerne la pollution générée par les activités terrestres et maritimes, la pêche destructrice et l’exploitation minière des fonds marins, qui menacent nos moyens de subsistance et notre avenir.
En 2022, à l’occasion de l’Année internationale de la pêche artisanale et de l’aquaculture, notre organisation, la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA), qui représente les pêcheurs artisans de 29 pays africains, ainsi que les communautés de pêcheurs côtiers du monde entier, a appelé les gouvernements et leurs partenaires à renforcer la résilience des communautés de pêcheurs côtiers en prenant des mesures concrètes, d’ici à 2030, dans cinq domaines :
- Garantir d’urgence l’accès préférentiel et la cogestion de 100 % des zones côtières
- Garantir la participation des femmes et soutenir leur rôle dans l’innovation
- Protéger les stocks de poissons et de fruits de mer des secteurs concurrents de l’économie bleue
- Faire preuve de transparence et de responsabilité dans la gestion de la pêche
- Construire des communautés résilientes pour faire face au changement climatique et offrir des perspectives d’avenir aux jeunes.
Un océan propre est indispensable pour assurer un avenir aux jeunes hommes et femmes de nos pêcheries artisanales africaines. Pendant des millénaires, nos communautés de pêcheurs côtiers ont joué le rôle de gardiens de l’océan. Aujourd’hui, dans de nombreux pays africains, nous sommes devenus des nettoyeurs d’océan.
Comme partout ailleurs, l’océan qui entoure notre continent est devenu une poubelle : la pollution résultant des activités humaines terrestres l’étouffe. La pollution plastique dans la mer, sur les plages, est un problème particulièrement grave pour les écosystèmes océaniques et pour nos communautés qui vivent de la pêche : les micro-plastiques se retrouvent dans les poissons que nous pêchons ; les mammifères marins, les oiseaux de mer, les tortues, ingèrent des plastiques, les confondant avec leurs proies, et en meurent. Des plastiques de toutes sortes et de toutes tailles sont rejetés sur nos plages, créant des problèmes d’hygiène.
Inlassablement, des hommes et des femmes de nos villages de pêcheurs collectent ces plastiques et font preuve de créativité pour les recycler en objets utiles ou décoratifs. Ces initiatives, qui peuvent fournir des emplois à certains membres de nos communautés côtières, doivent être soutenues.
Cependant, la marée de plastique qui s’échoue aux portes de nos villages de pêcheurs ne s’arrête jamais. Des mesures politiques décisives doivent être prises d’urgence à l’encontre de ceux qui continuent à produire massivement des matières plastiques qui détruisent nos océans. Ils doivent contribuer financièrement au nettoyage de nos mers et de nos côtes. Ce sont les pollueurs qui doivent payer, pas nos communautés de pêcheurs.
La pollution par le plastique provient également de la pêche. En particulier avec l’utilisation du mono-filament, que les pêcheurs n’utilisent que pendant une courte période avant de le rejeter en mer. Ces filets dérivent dans la mer où ils continuent à capturer des poissons – ” pêche fantôme ” -, s’emmêlent dans les récifs coralliens et les étouffent. Ce type de filet est largement utilisé dans la pêche mais aussi dans l’agriculture, pour protéger les cultures. L’arrêt définitif de l’utilisation des filets mono-filament, pour mettre fin aux dommages qu’ils causent dans les océans, nécessitera non seulement que les gouvernements organisent des campagnes de sensibilisation massives à l’intention de leurs utilisateurs actuels, mais aussi qu’ils mettent un terme à leur importation tout en proposant des alternatives abordables aux pêcheurs.
Chaque année, 11 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans, une quantité qui devrait presque tripler d’ici 2040 si aucune mesure urgente n’est prise à grande échelle. Nos communautés de pêcheurs artisans continueront à lutter contre la pollution plastique sur les plages et en mer. Mais leurs efforts ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan. Nos gouvernements et la communauté internationale doivent également jouer un rôle actif pour changer la donne ##.