Néma Bah : La CAOPA redonne du souffle aux femmes du GIE Yoon Dioffor
Toubacouta, Sénégal – Février 2025 :
Dans les îles du Saloum, les femmes du GIE Yoon Dioffor luttent chaque jour pour assurer leur avenir. Ostréiculture, fumage et transformation des produits halieutiques sont leur quotidien, mais sans infrastructures adaptées ni équipements modernes, leur travail restait un défi.
Grâce au projet d’appui, financé par Meridien Institute / Turning Tides, dédié à ces femmes, la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) a entamé la mise en œuvre pour faire face à ce défi.
Du 17 au 20 février 2025, une délégation a posé ses valises à Néma Bah, commune de Toubacouta, avec une mission claire : améliorer les conditions de travail et de vie de ces femmes engagées.
Un projet ambitieux pour un impact durable
L’intervention de la CAOPA ne s’est pas limitée à une simple visite. Ce projet vise à transformer en profondeur l’unité de production du GIE.
Les actions mises en place :
Réhabilitation des infrastructures : pose de carrelage, rénovation des plafonds, peinture et installation d’un système électrique solaire.
Équipement en matériel moderne : balances électroniques, fourneaux à gaz, thermo-soudeuses, seaux, bassines, mixeurs et autres outils essentiels.
Formations pratiques : gestion du matériel et respect des normes d’hygiène alimentaire.
« Aujourd’hui, nous entamons des travaux de réfection des bâtiments et remettons du matériel essentiel aux femmes, » explique Baidy Fall, responsable administratif et financier de la CAOPA.
Des équipements qui changent tout
Le quotidien des femmes du GIE était marqué par des outils vétustes et inadaptés. Grâce à cette initiative, elles disposent enfin d’un matériel plus performant et durable.
Seynabou Diatta, présidente du GIE, témoigne :
« Le matériel que la CAOPA nous a offert, nous en avions besoin depuis longtemps. Mais on ne pouvait pas se le procurer. Avant, on utilisait des bois pour nos parcs ostréicoles, mais ils ne duraient pas. À l’approche de la récolte des huîtres, ils se détérioraient. Maintenant, avec les tuyaux PVC envoyés par la CAOPA, nous avons une solution durable. Nous ne perdons plus nos produits, et notre rendement s’améliore. »
L’impact est immédiat. Plus de 400 tuyaux PVC, accompagnés de cordes et d’étiquettes numérotées, ont été remis aux femmes.
« Grâce à ces étiquettes, nous pouvons suivre la quantité de produits récoltés d’un piquet à un autre, » ajoute Seynabou Diatta.
L’appui de la CAOPA ne se limite pas aux parcs ostréicoles.
« Avant, nous avions une seule bassine pour toutes les tâches. Aujourd’hui, nous en avons plus de 10, et chacune est dédiée à une tâche spécifique. Cela améliore la qualité et l’hygiène de nos produits, » poursuit-elle.
Cet équipement moderne leur permet de viser plus haut.
« Avec tout ce que la CAOPA a apporté, nous espérons, d’ici l’année prochaine, multiplier nos revenus par dix ! Ce soutien facilite notre travail, et nous remercions Dieu ainsi que tous les partenaires qui nous ont aidées. »
Des formations pour pérenniser l’accompagnement
Doter les femmes d’équipements, c’est bien. Leur apprendre à les gérer durablement, c’est encore mieux.
Pendant deux jours, les membres du GIE ont suivi des formations sur deux axes majeurs :
Gestion du matériel : chaque équipement a été identifié et numéroté pour éviter les pertes. Des notions comme l’amortissement et les modalités d’utilisation ont été expliquées.
Hygiène alimentaire : un produit de qualité commence par un environnement sain. Les participantes ont appris l’importance de la propreté, du stockage et des bonnes pratiques de transformation.
Khady Diop, chargée des programmes à la CAOPA, explique l’enjeu :
« Quand on parle de produits alimentaires, l’hygiène est essentielle. Un produit mal préparé, c’est un danger pour la santé de toute une communauté. »
Cette formation a marqué un tournant pour les bénéficiaires.
Maïmouna Sarr, l’une des participantes, partage son ressenti :
« Nous avons été formées sur notre propreté, l’hygiène de nos produits et la gestion des matériels. C’est important, car l’hygiène permet d’écouler rapidement nos produits. »
L’organisation du GIE s’en trouve renforcée.
« Grâce aux matériels étiquetés, partout où on les verra, on saura qu’ils appartiennent au GIE Yoon Dioffor, » ajoute-t-elle.
La formation ne s’est pas limitée aux équipements.
Mata Diatta, une autre bénéficiaire, insiste sur un point clé :

« Nous avons besoin de connaissances pour mieux entretenir notre matériel et le préserver quand nous allons en mer. »
L’objectif est clair : rendre les femmes autonomes, capables de gérer elles-mêmes leur production et leur logistique.
Un impact économique et social majeur
L’initiative dépasse la simple modernisation des infrastructures. En facilitant le travail des femmes du GIE, la CAOPA contribue à :
✔ Accroître la production et améliorer la qualité des produits transformés.
✔ Réduire la pénibilité du travail, notamment en remplaçant les fourneaux à bois par des fourneaux à gaz.
✔ Encourager l’autonomie financière des femmes, en leur offrant de meilleures opportunités de commercialisation.
« Ce GIE regroupe des femmes dynamiques qui travaillent aussi dur que les hommes. Elles sont un modèle de persévérance et méritent d’être soutenues, » affirme Baidy Fall.
Un suivi continu et de nouveaux défis
La CAOPA ne compte pas s’arrêter là. Pour garantir l’efficacité de cette intervention, un suivi rigoureux est prévu dans les prochains mois.
Évaluation de l’utilisation du matériel : après trois mois, une visite de contrôle permettra de s’assurer que les équipements sont bien gérés.
Visites inopinées sur l’hygiène : des contrôles seront effectués en pleine production pour vérifier le respect des normes sanitaires.
Installation de nouveaux champs ostréicoles et reboisement de la mangrove pour préserver l’écosystème.
« Nous voulons aller plus loin, diversifier les marchés et faire rayonner le travail de ces femmes, » conclut Khady Diop.
À travers ce projet, la CAOPA en partenariat avec Turning Tides prouve qu’un soutien bien ciblé peut changer des vies. En misant sur l’autonomie des femmes, Ils participent non seulement à leur émancipation, mais aussi au développement économique de toute une communauté.
Les habitantes de Néma Ba ne sont plus seules. Avec cet accompagnement, elles regardent l’avenir avec espoir et détermination.
Aliou Diallo & Aminata DIOP
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