Économie Bleue et Biodiversité : Protéger les communautés de pêche face aux acteurs puissants

M. Gaoussou Gueye, président d’AFRIFISH-Net et de la CAOPA participe actuellement à Mombasa (Kenya) aux rencontres stratégiques pour la protection de la biodiversité aquatique en Afrique. Les 7 et 8 octobre 2024, il a pris part à la Réunion du Comité technique du projet « Conservation de la biodiversité aquatique dans l’économie bleue africaine », suivie le 9 octobre de la 3ᵉ Réunion du Comité de pilotage de ce même projet.

À cette occasion, M. Gueye a prononcé une déclaration au nom d’AFRIFISH-Net, de la CAOPA et d’AWFISH-Net, soulignant l’importance de protéger la biodiversité aquatique pour renforcer l’économie bleue africaine. Ces événements ont été organisés par le Bureau interafricain des ressources animales de l’Union africaine (UA-BIRA).

Ces actions réaffirment l’engagement collectif à promouvoir une pêche durable et à préserver les ressources vitales de nos océans pour les générations futures. 

Merci de lire la déclaration 

  1. Point sur la Planification Spatiale marine

La Stratégie africaine pour l’économie bleue a identifié la planification spatiale marine (PSM), organisant les activités dans l’espace marin côtier entre les différents acteurs de l’économie bleue, comme activités stratégique pour assurer la conservation de la biodiversité aquatique.

Il a été noté que les mesures comme celle-là visant à conserver la diversité aquatique devraient inclure la sensibilisation des parties prenantes.

Pour la pêche artisanale africaine, un secteur essentiel pour la sécurité alimentaire et la création d’emplois, il est essentiel, dans tout processus de planification spatiale marine, de garantir la place de la pêche artisanale, et de protéger ses activités d’autres acteurs plus puissants de l’économie bleue.

En effet, aujourd’hui :

–             les pêcheurs se voient interdit d’accès aux plages privatisées par des hôtels,

–             les pêcheurs sont refoulés de leurs zones de pêche traditionnelles par l’exploitation du pétrole et du gaz offshore,

–             les pêcheurs sont en compétition avec des bateaux de pêche industrielle qui emportent leurs filets ou font chavirer leurs embarcations.

–             Les femmes de nos communautés sont évincées des endroits qu’elles occupent traditionnellement pour mener leurs activités de transformation.

–             leur accès au poisson comme matière première est également menacé par la surexploitation des ressources, les industries de transformation de farine et autres.

Il est essentiel que l’Union africaine aide ses membres à mettre en place des mécanismes, dans le cadre de la planification spatiale marine, pour assurer la sécurité des droits fonciers et des droits d’accès aux ressources halieutiques pour les hommes et les femmes des communautés de pêche artisanale vis-à-vis des secteurs plus puissants de l’économie bleue.

Dans cette optique, le suivi du projet présenté devrait organiser des consultations à l’échelle nationale des pays membres, avec les parties prenantes, en particulier les organisations de pêche artisanale, sur la question de la planification spatiale marine.

Un partenariat pourrait s’établir dans ce cadre avec les plateformes nationales de parties prenantes pêche mises en place sous l’égide de l’UA, afin d’appuyer l’organisation de ces consultations, ainsi que la diffusion large des informations.

 

  1. Point sur l’engagement 30×30 des pays africains pour les aires marines protégées

Dans nos pays, la pêche artisanale est essentielle non seulement pour la sécurité alimentaire, pour l’emploi, mais aussi pour la conservation de la biodiversité dans les zones côtières.

La première condition pour une gestion inclusive des ressources marines et continentale est de garantir et protéger l’accès des pêcheurs artisans aux ressources. Un outil important pour atteindre cet objectif est l’établissement de zones d’accès réservées à la pêche artisanale. Cela doit se faire de façon concertée avec les communautés côtières. Il est également essentiel de garantir que la gestion de 100% de ces zones côtières maritimes et continentales soit faite en concertation avec les hommes , les femmes et les jeunes  de la pêche artisanale.

Les communautés de pêche artisanale sont déjà engagées depuis longtemps dans la conservation de la biodiversité. Elles maintiennent ou restaurent les écosystèmes locaux et s’engagent dans une gestion communautaire de la pêche, au bénéfice des populations locales. A ce titre, la pêche artisanale est un allié des états membres de l’Union africaine pour réaliser leur engagement de conserver efficacement 30 % des mers d’ici à 2030.

Dans de nombreux pays membres, la conservation de la biodiversité est un résultat de l’établissement de zones réservées à la pêche artisanale, co-gérées par les communautés de pêcheurs et le Ministère de la Pêche. Ces zones devraient être considérées par nos Etats être comme des contributions à l’objectif de conservation de 30% des zones marines à l’horizon 2030.

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