Antónia Adama Djaló, âgée de 65 ans, s’est taillée une réputation distinguée dans les domaines de la comptabilité, de la commercialisation ainsi que de la transformation de poissons et de l’exportation de noix de cajou. Elle a commencé son parcours professionnel en tant que comptable au ministère de la défense, une carrière qui l’a rapidement menée à un éclairant virage.
Alors qu’elle était encore militaire et fonctionnaire, Antónia bénéficiait de cartons de poissons à la fin de chaque mois. Inspirée par une opportunité brillante, elle a saisi l’occasion de vendre les parts de poissons que ses amis lui cédaient. Elle a rapidement pris conscience de son talent pour écouler ces marchandises avec aisance sur les marchés, ce qui lui a permis de bâtir des fondations solides pour sa future organisation.
Les débuts de l’Association Nationale des Femmes pour les Activités Économiques (AMAE) de Guinée-Bissau, en 1992 dont elle préside, n’ont pas été trop difficiles, car le poisson était abondant à l’époque. Son habileté à vendre a été soutenue par la confiance de ses amis qui lui fournissaient du poisson à commercialiser. Au fil des années, cette activité est devenue un pilier central de sa vie, la motivant à poursuivre avec persévérance.
La confiance de ses amis, ainsi que la possibilité de joindre les deux bouts dans une Guinée Bissau où les salaires étaient modestes, ont toujours été les moteurs de sa détermination. Son aventure entrepreneuriale a commencé modestement, avec seulement 75 Pesos en poche, une somme qui lui a permis d’acheter une demi-tonne de poisson de qualité moyenne.
Antónia est aujourd’hui confrontée au défi croissant de la rareté des ressources et au manque d’infrastructures de conservation adéquates. Malgré cela, son activité a apporté des changements significatifs à sa vie.
Impact social
L’impact de cette activité sur la vie d’Antónia est significatif. Elle a pu financer l’éducation de ses enfants grâce à ses efforts. Son engagement l’a également fait connaître à l’échelle nationale et internationale, conférant une certaine influence à sa personne.
D’ailleurs, Mme Antónia Adama Djaló est la vice-présidente de la confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) et joue cumulativement le rôle de la coordinatrice de programmes femmes de l’organisation continentale.
Elle croit fermement que cette activité, « correctement encadrée », pourrait aider de nombreuses familles à améliorer leurs conditions de vie.
Outre les aspects financiers, Antónia est fière d’avoir contribué à changer la perception de son métier et à le rendre noble aux yeux de sa génération et au-delà. Sa capacité à interagir avec diverses personnes, sa jovialité et son écoute attentive sont des traits qui l’ont aidée à se démarquer.
En tant que femme entrepreneur, Antónia partage des conseils avisés. Elle insiste sur l’importance « de ne pas se laisser décourager, d’être à l’écoute des autres et d’accomplir son travail avec passion ». Elle croit en la puissance du pardon et du dépassement des conflits pour avancer.
Si elle pouvait revenir en arrière, Antónia aurait souhaité commencer cette activité plus tôt. Son objectif désire actuel est de renforcer l’autonomie et la prospérité des femmes dans ce secteur. Ainsi, Antónia Adama Djaló incarne la persévérance, l’audace et la capacité de transformer des défis en opportunités florissantes.
Aliou DIALLO