À l’occasion de l’ouverture officielle de la 7ème réunion des ministres des pêches de l’OEACP, à Accra (Ghana), le 7 avril 2022, la délégation de la CAOPA/LMMA a été invitée à prendre la parole à la loge officielle, au compte de la société civile.
La voix des professionnels a été portée par le président de la CAOPA, M. Gaoussou Gueye. Il a déclaré que la pêche artisanale des pays OEACP est le plus grand secteur de l’économie des océans.
Selon lui, des millions d’hommes, de femmes, de jeunes des pays ACP vivent de la pêche artisanale. Chaque jour, au prix de grandes difficultés, leur travail permet de nourrir des centaines de millions de personnes. Et cela même durant la crise du COVID.
Lisez la déclaration.
Déclaration de la pêche artisanale ACP
“Nous, représentants les hommes et les femmes professionnels de la pêche artisanale des pays ACP, souhaitons d’abord remercier l’ensemble des officiels et l’équipe organisatrice pour avoir, tout au long de cette semaine, écouté nos inquiétudes, et pris en considération nos propositions.
Nous espérons que cette dynamique de dialogue sera perpétuée à l’avenir, en particulier en cette Année Internationale de la Pêche et de l’Aquaculture artisanales où les rendez-vous internationaux concernant l’avenir de notre secteur sont nombreux.
La pêche artisanale des pays ACP est le plus grand secteur de l’économie des océans. Des millions d’hommes, de femmes, de jeunes des pays ACP vivent de la pêche artisanale. Chaque jour, au prix de grandes difficultés, leur travail permet de nourrir des centaines de millions de personnes. Et cela même durant la crise du Covid.
En cette Année Internationale, pour donner un avenir digne et durable à la pêche artisanale ACP, nous vous demandons de mettre le cap sur l’Objectif de Développement Durable 14.b, et de garantir l’accès aux ressources et aux marchés pour la pêche artisanale ACP.
Et nous vous demandons de prendre comme boussole les Directives de la FAO pour une pêche artisanale durable, de les mettre en œuvre à travers des plans d’actions nationaux et régionaux, de manière participative, transparente et sensible aux enjeux de genre.
Pour garantir notre accès aux ressources, il est important que nous ayons des droits exclusifs d’accès à la zone côtière. Pour en assurer une gestion durable qui bénéficie aux communautés, nous demandons que 100 % des zones côtières soient mises en co-gestion.
La pêche artisanale ACP est autant une affaire de femmes que d’hommes. Les femmes sont présentes à tous les stades des chaînes de valeur de la pêche artisanale : elles préfinancent les sorties de pêche, elles réceptionnent, elles trient le poisson débarqué, le transforment et l’acheminent vers les consommateurs. Elles sont aussi le pilier des familles et des communautés. Cependant, leurs conditions de travail sont désastreuses, leur contribution au secteur est souvent invisible. Pour l’avenir de la pêche ACP, il est indispensable que vous vous engagiez plus, dans votre plan stratégique, pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes, leur reconnaissance comme actrices centrales de la pêche, qui sont à l’origine de nombreuses innovations permettant de mieux utiliser nos ressources au profit de nos populations.
La bonne gouvernance des activités d’exploitation des océans – ancrée dans la participation des acteurs, la transparence des processus de décision et la redevabilité vis-à-vis des citoyens -, est le socle essentiel des réformes nécessaires pour garantir une pêche durable au bénéfice des communautés côtières et des populations des pays ACP.
Si la bonne gouvernance est essentielle pour la pêche, cela est vrai aussi pour les autres activités d’exploitation des océans, comme l’exploitation de pétrole et de gaz, l’extraction de minerais, le tourisme côtier. Nous ne vous cachons pas que nous sommes inquiets aujourd’hui de la marginalisation de la pêche, et de la pêche artisanale en particulier, au sein des stratégies d’économie bleue de nos pays.
Nous, qui, – je le répète-, représentons le plus grand secteur de l’économie des océans, ne pourrons pas survivre si nous devons subir la compétition de secteurs puissants, polluants, et destructeurs de l’environnement marin et côtier. Face à cette menace, nous vous demandons d’adopter une approche de précaution : ne donnez pas le feu vert à une économie bleue destructrice !
Enfin, à la lumière du récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui nous dit une fois de plus que notre terre, notre maison à tous, est en feu, je voudrais vous dire ceci. Les communautés de pêche artisanale sont en première ligne à subir les impacts du réchauffement de la planète.
Dans le Pacifique, dans les Caraïbes, en Afrique, nous sommes tous et toutes confrontés aux désastres causés par le changement climatique. Renforcer la résilience des communautés côtières et de pêche artisanale en adoptant les mesures que nous proposons est une urgence.
Je vous remercie”