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Diplomatie bleue : la pêche artisanale, moteur d’intégration africaine

Qu’est-ce que la diplomatie bleue ?

La diplomatie bleue désigne l’utilisation des océans, des ressources marines et des communautés côtières comme leviers de paix, de coopération et de développement durable. En Afrique, la pêche artisanale illustre parfaitement cette dynamique. Bien plus qu’une activité économique, elle constitue un vecteur d’intégration régionale et un outil de stabilité sociale.

Chaque jour, des milliers de pêcheurs traversent les frontières maritimes. Ces déplacements favorisent les échanges culturels, économiques et sociaux entre communautés, créant de facto une diplomatie populaire que les États et les organisations internationales gagneraient à reconnaître.

Le rôle de la CAOPA dans la diplomatie bleue

La Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) propose de reconnaître et d’institutionnaliser cette dynamique sous le concept de diplomatie bleue. Cette approche permettrait d’élargir la gouvernance de la pêche artisanale au-delà du ministère de la Pêche, en y associant les Affaires étrangères, le Commerce, l’Environnement et la Sécurité, en cohérence avec les Objectifs de Développement Durable (ODD), les Directives volontaires sur la pêche artisanale durable et le Cadre Politique et de la Stratégie de Réforme du secteur de la pêche et de l’aquaculture en Afrique (CPSR).

Un secteur stratégique pour l’Afrique

Plus de 12 millions d’Africains dépendent directement de la pêche artisanale.
Elle assure plus de 50 % de l’apport en protéines animales dans plusieurs pays côtiers.
Les migrations saisonnières des pêcheurs créent des réseaux transfrontaliers qui renforcent l’intégration africaine.
Les organisations de pêcheurs, comme la CAOPA et ses membres (le Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanale au Sénégal (CONIPAS), la Fédération Nationale des Pêches (FNP) de la Mauritanie, la Confédération nationale de la pêche artisanale au Maroc (CNPAM) jouent déjà un rôle dans le règlement pacifique de conflits liés à l’accès aux ressources.

Problématique

Vu son rôle stratégique :

La pêche artisanale reste marginalisée dans les négociations internationales.
Les conflits pour l’accès aux ressources halieutiques se multiplient.
L’absence de coordination intersectorielle (pêche, commerce, affaires étrangères, environnement) limite l’efficacité des politiques.

Pourquoi soutenir la diplomatie bleue ?

La diplomatie bleue, telle que portée par la CAOPA, consiste à :

1. Reconnaître les pêcheurs artisans comme acteurs diplomatiques non étatiques.
2. Institutionnaliser leur rôle dans les mécanismes de coopération régionale et internationale.
3. Élargir la gouvernance de la pêche artisanale à des ministères stratégiques.
4. Ancrer cette démarche dans les ODD (14, 16, 17) et les Directives volontaires sur une pêche artisanale durable de la FAO.

Objectifs stratégiques

Paix et sécurité : prévenir et résoudre les conflits liés aux ressources.
Intégration régionale : renforcer la coopération transfrontalière entre communautés côtières.
Durabilité : promouvoir une gestion responsable des ressources marines.
Développement économique : valoriser la pêche artisanale dans les échanges régionaux et mondiaux.

Recommandations

1. Reconnaissance officielle : intégrer la diplomatie bleue dans les politiques nationales et régionales.
2. Cadre de coopération : créer un mécanisme permanent entre organisations de pêcheurs (sous l’impulsion de la CAOPA) et ministères clés.
3. Appui international : inscrire la diplomatie bleue dans les travaux de l’ONU, de la FAO et de l’Union africaine.
4. Financement ciblé : mobiliser des fonds internationaux pour soutenir des initiatives pilotes de diplomatie bleue (médiation transfrontalière, projets conjoints).

En tant que confédération, la CAOPA incarne la légitimité pour coordonner cette initiative.

Reconnaître la diplomatie bleue, c’est transformer une pratique millénaire en un outil moderne de paix, de coopération et de durabilité.

“Les pêcheurs artisans ne sont pas seulement des producteurs de poisson. Ils sont des bâtisseurs de paix et les pionniers d’une intégration africaine durable,” déclare le président de la CAOPA, Gaoussou GUEYE.