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Sardinelle en danger : les mesures URGENTES pour la préserver

La gestion durable de la sardinelle est aujourd’hui un enjeu vital pour les communautés de pêche artisanale en Afrique de l’Ouest. Lors de la rencontre de Saly Portudal, la CAOPA a réuni acteurs des pays membres CSRP et partenaires pour définir des solutions concrètes.

 

La sardinelle, ressource vitale pour la sécurité alimentaire et les économies côtières d’Afrique de l’Ouest, fait face à des pressions grandissantes : surpêche, changement climatique, accès incontrôlé. Lors de la rencontre sous-régionale organisée, Chérif Younouss NDIAYE a partagé une analyse approfondie des priorités pour une gestion durable des ressources halieutiques.

Sa contribution, articulée autour de quatre grands axes, éclaire les défis et les responsabilités des acteurs de la pêche artisanale et des États membres de la CSRP.

1. Gestion durable de la sardinelle : mesures prioritaires

Pour assurer une exploitation durable des ressources halieutiques, Ndiaye insiste sur une gouvernance rationnelle et participative, impliquant tous les acteurs. Parmi les priorités :

  • Établir des restrictions à l’accès libre aux ressources afin d’éviter la surexploitation.
  • Définir et élargir des zones de pêche réservées exclusivement à la pêche artisanale.
  • Rationaliser l’accès par quotas, en réduisant la capacité de la flotte (contrôle strict des permis) et en introduisant un système de TAC (Total des Captures Admissibles), inspiré du modèle de gestion de l’ICCAT pour les thonidés.

Ces mesures visent à inverser les tendances actuelles et à renforcer l’économie halieutique sur le long terme.

2. Gestion durable de la sardinelle et accompagnement social

La durabilité ne peut se concevoir sans un accompagnement social adapté pour les pêcheurs et leurs communautés. M. Ndiaye propose :

  • Accès à la ressource et aux équipements : embarcations sûres, matériels conformes et abordables.
  • Accès au foncier : espaces littoraux réservés à la pêche artisanale.
  • Infrastructures modernes : quais de débarquement, halles de vente, conditionnement et stockage.
  • Renforcement des capacités : formations sur la sécurité, la valorisation et la commercialisation.
  • Financement adapté : systèmes de crédit tenant compte des réalités de la pêche artisanale.
  • Transport et commercialisation améliorés aux niveaux national et international.
    alimentaire
  • Professionnalisation des métiers pour donner une meilleure visibilité au sous-secteur.
  • Communication et sensibilisation (IEC) afin de faciliter le changement de comportement et le partage d’informations clés.

Ces mesures d’accompagnement sont essentielles pour que les acteurs acceptent et adoptent les nouvelles règles de gestion.

3. Rôle des États de la CSRP dans la gestion durable de la sardinelle

Participants atelier sardinelle CAOPA 2025
Participants atelier sardinelle CAOPA 2025

Chérif Ndiaye souligne que les États doivent promouvoir une bonne gouvernance basée sur une approche systémique, intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales. Cela suppose :

  • Renforcer la collaboration régionale via des accords d’accès durables, comme prévu par la Convention sur les Conditions minimales d’accès de la CSRP.
  • Définir une politique régionale claire, avec principes directeurs, objectifs opérationnels, cadres institutionnels et instruments juridiques.
  • Mettre en place un contrôle/surveillance participatif : conseils locaux de pêche artisanale, outils juridiques adaptés, implication des communautés.
  • Soutenir la recherche halieutique et socioéconomique afin de disposer d’avis scientifiques fiables pour guider la gestion et les politiques.

La clé : des droits et institutions solides, respectés par tous, pour limiter l’effort de pêche et garantir une exploitation durable et équitable.

4. Enjeux de la gestion durable de la sardinelle pour les communautés

Enfin, Younouss Ndiaye insiste sur l’importance pour les communautés de pêche artisanale de s’organiser afin de peser dans les décisions.

« Le principal enjeu est d’obtenir une réelle implication et participation des communautés dans la définition et la mise en œuvre des politiques de gestion. Pour cela, elles doivent se regrouper autour d’organisations fortes, harmoniser leurs positions et devenir une force de proposition face aux décideurs. »

C’est seulement ainsi que les politiques régionales pourront refléter les besoins réels des acteurs de terrain.

La contribution de Chérif Younouss Ndiaye met en exergue la complexité de la gestion de la sardinelle et des petits pélagiques en Afrique de l’Ouest. Elle rappelle que la réussite repose sur trois piliers : mesures de gestion rigoureuses, accompagnement social adapté, responsabilités assumées par les États, avec une implication directe des communautés artisanales.

À travers ces recommandations, se dessine une voie vers une gouvernance régionale plus juste, plus participative et capable d’assurer la durabilité de la ressource et la prospérité des générations futures.

 

Par Chérif Younouss NDIAYE,

Conseiller en planification, Technicien supérieur des pêches

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