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Femmes de l’océan en Afrique : les héroïnes invisibles de la pêche artisanale et de la sécurité alimentaire

Elles sèchent, transforment, transportent et vendent le poisson qui nourrit nos familles. Pourtant, les millions de femmes transformatrices africaines restent les grandes oubliées des politiques publiques et des financements. Comme le dit Fatou Sène, transformatrice au Sénégal : « Sans nous, le poisson des pirogues ne parvient jamais dans les assiettes. »

Le rôle central des femmes dans la pêche artisanale

Les femmes sont présentes à toutes les étapes : transformation, conservation et commercialisation. Dans certains pays, elles représentent jusqu’à 80 % de la main-d’œuvre dans la filière post-capture.

Ces actrices sont les piliers de la sécurité alimentaire, mais leur contribution reste souvent invisible.

Des conditions de travail précaires

Les transformatrices travaillent dans des conditions difficiles : exposition permanente à la fumée toxique, manque d’eau potable, absence d’électricité et de logements décents.

Car les femmes subissent aussi des obstacles sur les routes commerciales et des harcèlements sur les marchés. Djeinab Camara, en Guinée, témoigne : « Quand je fume du poisson sans protection, ma santé en paie le prix. Mais je n’ai pas d’autre choix. »

Des innovations qui changent tout

Des solutions existent pour transformer leur quotidien : fours FTT réduisant la fumée, réfrigérateurs solaires pour limiter les pertes et séchage solaire pour préserver la qualité nutritionnelle. Les coopératives féminines permettent d’accéder au crédit et de mutualiser les moyens. Une femme leader à Mballing au Sénégal explique : « Avec le séchage solaire, je vends mieux, je gagne plus et mes enfants mangent à leur faim. »

Pourquoi investir dans les femmes de l’océan ?

Chaque centime investi dans les femmes a un effet démultiplicateur sur les familles et les communautés. Elles sont souvent les premières à introduire des innovations durables et à garantir la continuité de la chaîne de valeur. Valoriser leur travail renforce à la fois la sécurité alimentaire et l’égalité des genres.

Les revendications portées par la CAOPA

La confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) appelle à garantir la participation effective des femmes aux décisions, à investir dans des infrastructures adaptées (eau, logement, crèches), à faciliter leur accès au crédit et à la terre et à supprimer les obstacles commerciaux et sociaux. Ces mesures sont indispensables pour reconnaître leur rôle essentiel.

Les femmes de l’océan sont les héroïnes invisibles de la pêche artisanale africaine. Les ignorer, c’est fragiliser la sécurité alimentaire et l’économie bleue durable. Les soutenir, c’est investir dans un avenir plus juste et prospère.

Comme le souligne Kadiatou Bangoura, transformatrice et mareyeuse guinéenne : « Nous ne demandons pas la charité, seulement les moyens de travailler dignement. »

Mamadou Aliou DIALLO

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