COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Mbour, le 30 novembre 2022 – La Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de Pêche artisanale (CAOPA) regroupe des organisations professionnelles de 27 pays africains.
A l’occasion de l’Année internationale de la Pêche et de l’Aquaculture artisanales (IYAFA), CAOPA a organisé les 26 et 27 octobre 2022, au Sénégal, un atelier d’échange sur le développement d’« une aquaculture artisanale durable complémentaire aux activités de la pêche artisanale en Afrique ». L’atelier, appuyé par Pain pour le monde (PPM), la Société suédoise pour la conservation de la nature (SSNC), la Coalition pour un accord de pêche équitable (CAPE), OAK Foundation, etc., a réuni une cinquantaine de participants dont une trentaine de professionnels de la pêche artisanale africaine (pêcheurs, mareyeuses et fumeuses), des institutions de recherche, des Organisations de la Société Civile (OSC), ainsi que des représentants de la FAO et des autorités sénégalaises.
En perspective de la tenue d’une réunion du sous-comité de l’aquaculture de la FAO en début d’année prochaine, la CAOPA a tenu à partager avec cette entité, les recommandations issues de cet atelier. Ce, pour une prise en compte dans les Directives pour une Aquaculture durable.
Ainsi, lors de l’atelier d’octobre 2022, les participants ont identifié des défis et émis de recommandations.
DÉFIS
Les participants ont rappelé qu’une aquaculture intensive dépendant de la farine et de l’huile de poisson, dont une partie est produite en Afrique de l’Ouest à partir de ressources surexploitées (comme la sardinelle ronde), en concurrence directe avec la pêche artisanale qui pêche pour la consommation humaine, ne peut pas être considérée comme durable, ni au niveau environnemental ni au niveau social.
En Afrique de l’Ouest, l’implantation des usines de farine de poisson qui utilisent les petits pélagiques comme matière première est à l’origine d’une série de problèmes, dont le principal est la surexploitation de ces ressources partagées : dans la région, les scientifiques ont observé une diminution de 74% des débarquements de sardinelles rondes depuis 2020. Il faut ajouter à cela les problèmes de pollution de l’air et des eaux côtières. Il faut aussi mentionner le fait que la surexploitation des petits pélagiques, base de l’alimentation d’autres poissons pêchés par la pêche artisanale, fragilise tout l’écosystème. D’après les scientifiques présents à l’atelier, ‘L’état actuel des stocks de petits pélagiques, dont la sardinelle est déjà en situation très préoccupante, requiert une attention particulière pour éviter leur effondrement.
« En Afrique, nous avons besoin d’une aquaculture artisanale durable qui complémente les activités de la pêche artisanale », souligne la CAOPA.
Une aquaculture artisanale, complémentaire à la pêche artisanale, peut aider les communautés de pêche à répondre à certains défis. En particulier, il faut noter la vulnérabilité des femmes qui ont des difficultés à s’approvisionner en poisson à transformer, face à la surexploitation des ressources, à la dure concurrence des usines de farine de poisson et également des unités de congélation et d’exportation des pélagiques. L’aquaculture artisanale peut permettre aux femmes de trouver une autre activité génératrice de revenus qui améliore aussi leur approvisionnement en poisson à transformer. Lors de l’atelier, des expériences positives ont été partagées, de la République Démocratique du Congo (RDC), du Mali et de la Côte d’Ivoire.
RECOMMANDATIONS
Pour répondre aux défis auxquels est confronté le sous-secteur, les participants ont proposé les actions suivantes :
- Développer des stratégies des substitutions de la farine de poisson dans l’alimentation des poissons d’élevage artisanal :
Développer une recherche pour permettre d’exploiter et de valoriser les déchets locaux pour l’alimentation des poissons ; appuyer l’installation d’unités de fabrication d’aliments locaux, etc.
- Promouvoir des activités alternatives comme la pisciculture avec un système de maraîchage intégré
Attribuer de terres aux femmes transformatrices par les collectivités locales pour développer des activités alternatives ; Encourager et vulgariser la pisciculture familiale hors sol intégré à d’autres activités de production végétale et animale ; Développer de nouvelles activités génératrices de revenus comme l’algoculture et la culture de la spiruline
- Accompagner les acteurs de la pêche artisanale dans leur projet
Renforcer les capacités techniques des acteurs et actrices de la pêche et de l’aquaculture artisanale ; rendre accessible les alevins de bonne qualité ; Accompagner les acteurs dans le financement de leur projet ;
- Promouvoir l’utilisation d’équipements et d’infrastructures locaux et accessibles à tous ; Faciliter l’intégration des femmes et des hommes de la pêche artisanale qui souhaitent développer des activités de pisciculture.
Mamadou Aliou DIALLO
Chargé de communication
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