Sécurité alimentaire mondiale : « Tout le potentiel du poisson n’est pas exploité pour assurer une disponibilité »

Le Directeur adjoint des pêches maritimes (DPM) du Sénégal, Sidya DIOUF a présidé, vendredi 19 novembre 2021, l’ouverture de l’atelier, organisé par la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA), en prélude de la journée mondiale de la pêche.

Reconnaissant l’importance du poisson pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique, M. Diouf souligne que « dans les mécanismes de lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) recommande une approche écosystémique dans toutes les pêcheries, en particulier, celles artisanales en encourageant les Directives volontaires ».

Toutefois, il note que tout le potentiel n’est pas exploité pour assurer une plus grande disponibilité du poisson pour les populations.

C’est pourquoi, il mentionne les : « efforts à déployer pour lutter efficacement contre la pêche illicite et les mauvaises pratiques de pêche, la professionnalisation de certains métiers de la pêche, la mise en place de point de débarquement et de sites de transformation artisanale améliorés pour réduire les pertes après capture et le développement d’une aquaculture continentale ».

Pour plus d’informations, la CAOPA vous propose l’intégralité de son discours.

 

ALLOCUTION DE MONSIEUR LE DIRECTEUR DES PECHES MARITIMES

JOURNEE MONDIALE DE LA PECHE 2021

” Monsieur le Représentant de la FAO

 Monsieur le Président de la CAOPA

 Monsieur le Président de l’ONG Pain pour le Monde

 Messieurs les Représentants des universités

 Mesdames, Messieurs les représentants des pays membres

 Honorables Invités, en vos rangs, qualités et grades respectifs.

Tout en me réjouissant de la tenue, ce jour 19 novembre 2021, de la journée mondiale de la pêche pour l’année 2021, ici à Saly en terre sénégalaise, je voudrai sacrifier à la tradition, c’est-à-dire souhaiter la bienvenue à toutes et à tous ceux qui nous ont fait le privilège de partager ces moments de communion.

Au nom du DPM, qui a conduit la délégation du Sénégal et participe présentement aux travaux de l’ICCAT, que j’ai l’honneur de représenter, c’est un engagement particulier doublé d’un grand intérêt que je préside l’ouverture de cet important atelier de 3 jours dont le thème principal est « Mobilisons-nous pour une pêche artisanale durable », en vue de la célébration de la journée mondiale de pêche.

Permettez-moi également de saluer particulièrement la CAOPA, une organisation d’intégration économique régionale pour les acteurs de la pêche qui, á travers des PTF, ont apporté un soutien important pour assurer la redynamisation du secteur de la pêche notamment artisanale. Je félicite également les représentants des pays membres, notamment l’administration et les acteurs par leur présence leur adhésion aux objectifs de la CAOPA.

Mesdames, Messieurs, Honorables invités,

La journée mondiale de la pêche, quelle belle expression de reconnaissance !

Affiche RS JMP21

C’est ainsi, qu’à New Delhi, les travailleurs et travailleuses de la pêche de 33 pays ont créé, le 21 novembre 1997, la journée mondiale ainsi que le forum mondial des pêcheurs et des travailleurs de la pêche en insistant sur l’importance du regroupement des pêcheurs ; une catégorie socioprofessionnelle réputée pour son individualisme. A l’origine, des organisations comme le Collectif national des pêcheurs du Sénégal (CNPS), l’Union des pêcheurs des Maritimes (Canada), la CONAPACH (Chili, le Réseau national des pêcheurs du Mexique) et le forum national des travailleurs de la pêche de l’inde avaient porté ce combat.

Ainsi, l’organisation d’un tel atelier regroupant 33 pays et des partenaires aussi stratégique comme la FAO et des universités pour une pêche artisanale durable en vue de célébrer la journée mondiale de la pêche est d’une centralité manifeste et traduit l’importance du secteur en raison de l’importance de la contribution des acteurs en termes de flottes et de capture, dont la presque totalité des mises à terre est destinée à la consommation des populations en Afrique.

Ces journées vont au-delà de ce simple épisode de retrouvaille : elles correspondent à une conviction profonde, de nature politique. Je crois que la clé du succès des politiques publiques en matière de pêche tient en deux mots : partenariat et compromis.

Partenariats entre la puissance publique, les collectivités territoriales, les instances et organismes en charge de la gestion des espaces et de la mise en œuvre des politiques publiques, mais aussi avec les usagers de la pêche, ainsi que les associations de citoyens passionnés, défenseurs de la cause des océans, acteurs des sciences participatives et de l’éducation à l’environnement.

Naturellement les pêcheurs ont toute leur place dans cette construction. Et les décisions politiques sont d’autant plus acceptées, appliquées, qu’elles sont le fruit de compromis dynamiques, de co-constructions au niveau des territoires, de débats pragmatiques et opératoires, dans lesquels chacun peut tout à la fois voir reconnues une partie de ses attentes, de ses revendications, mais aussi puiser des raisons de continuer ses combats.

Mesdames, Messieurs, Honorables invités,

Cette innovation répond à un constat : la perte de biodiversité constitue l’un des 2 enjeux écologiques majeurs, avec le réchauffement climatique.

Ces deux enjeux sont d’ailleurs intimement liés, puisqu’une part de la disparition d’espèces végétales ou animales est la conséquence des bouleversements climatiques, et puisqu’une partie de ce réchauffement est due à la disparition de milieux qui, en captant le CO2 ou en créant des microclimats, contribuent à l’équilibre climatique.

C’est le cas des forêts, mais aussi et surtout, chez nous, des zones humides.

Et le point commun le plus important entre ces 2 dangers tient dans le fait qu’ils sont la conséquence d’activités humaines.

C’est d’ailleurs une opportunité, parce qu’en changeant les comportements, on peut changer la donne, et donc lutter contre le réchauffement climatique

Et la première condition du changement des comportements, c’est la sensibilisation de tous les publics à l’enjeu de la biodiversité. Sur ce point, il faut le reconnaître, la conscience de l’enjeu de la biodiversité n’est pas aussi forte, dans l’opinion, que ne l’est celle de la nécessité de lutter contre le réchauffement.

Faire des citoyens des acteurs de la biodiversité, c’est un objectif incontournable : dans ce combat essentiel, nous comptons sur vous, parce que vous êtes des experts avisés de la nature.

L’adoption des Objectifs de développement durable par les Nations unies restera dans l’histoire comme l’un des actes les plus importants de nos pays et c’est un grand honneur de vous présenter la manière dont le Sénégal s’est engagée dans leur mise en œuvre notamment de l’ODD 14.

Il nous revient maintenant de les mettre en œuvre.

Pour répondre aux cibles fixées par l’ODD 14, il est également impératif que l’économie bleue revête des objectifs sociaux. Protéger les ressources marines mondiales, c’est aussi ne pas léser les petits États insulaires ou les petits pêcheurs de leurs richesses et de leurs sources de revenus.

Ne pas construire la protection des stocks de poisson contre les pécheurs, mais avec eux. Ne pas penser l’adaptation des infrastructures côtières contre les habitants du littoral mais avec eux. Les océans sont nos meilleurs alliés, mais on connait aussi la menace qu’ils représentent si on ne les protège pas. Les seules réponses qui valent sont alors collectives. Ce sont celles où les élus, les entreprises, les collectivités, les syndicats, les associations, les chercheurs, construisent ensemble les solutions.

Le Sénégal a choisi de s’engager auprès de ces communautés. De telles initiatives ont donc vocation à être étendues à d’autres territoires à toutes les échelles.

La population mondiale, qui ne cesse de croître, dépendra de plus en plus des ressources marines. Il est donc impératif de protéger et de restaurer la santé et la productivité des océans. Il est crucial d’investir aujourd’hui de façon spécifique et ambitieuse dans les solutions fondées sur la nature.

Mesdames et messieurs les représentants des pays, chers invités,

J’ai l’honneur de rappeler qu’á l’instar de la Commission de l’Union Africaine et de la CEDEAO, le secteur de la pêche et de l’aquaculture pêche est aujourd’hui doté, respectivement, d’une politique continentale et d’une stratégie régionale pour un développement durable dudit secteur. Le poisson contribue significativement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique.

Dans les mécanismes de lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) recommande une approche écosystémique dans toutes les pêcheries, en particulier, celles artisanales en encourageant les Directives volontaires.

Cependant tout le potentiel n’est pas exploité pour assurer une plus grande disponibilité du poisson pour nos populations.

Je pense spécifiquement aux efforts à déployer pour lutter efficacement contre notamment la pêche illicite et les mauvaises pratiques de pêche, la professionnalisation de certains métiers de la pêche, la mise en place de point de débarquement et de sites de transformation artisanale améliorés pour réduire les pertes après capture et le développement d’une aquaculture continentale

Le MPEM travaille sur le long terme.

Face à cette volonté manifeste, le processus de développement et de modernisation du secteur des pêches au Sénégal s’inscrit dans un contexte international marqué par l’adoption de nouveaux instruments visant la gestion rationnelle et l’exploitation durable des ressources marines à travers les Objectifs de Développement Durable (ODD).

Au Sénégal, la pêche contribue à hauteur de 3,2% au PIB national et constitue le premier poste d’exportation avec 204, 43 milliards de recettes d’exportation. La consommation per capita est de 29,9 kg par an avec plus de 70% de participation à la couverture des besoins en protéines d’origine animale.

C’est conscient des effets vertueux sur les autres secteurs de l‘économie nationale que son développement entraine que le Gouvernement du Sénégal, a inscrit la pêche parmi les moteurs de croissance de l’économie nationale dans la nouvelle stratégie de développement économique et social de la Nation, le Plan Sénégal Emergent (PSE).

Ainsi, au titre de l’Axe I du Plan Sénégal Emergent, les activités de pêche et d’aquaculture, à l’instar de celles d’autres secteurs économiques, doivent contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire, la nutrition, la création de richesse et d’emplois.

C’est dans ce cadre, que le Ministère des Pêches et de l’Economie maritime a entrepris, dans une démarche responsable et inclusive, à travers la cogestion, des réformes importantes du secteur visant à impliquer d’avantage les acteurs dans la réhabilitation des écosystèmes marins et côtiers et dans la gestion des ressources halieutiques pour le bien-être des populations. Comme disait l’autre : « pour gérer le poisson, il faut gérer les hommes qui interviennent directement dans l’exploitation du poisson ».

Depuis quelques années, de nouvelles approches de l’aménagement des pêcheries, prenant en compte la protection et les aspects environnementaux sont au cœur de nos politiques. Ce qui s’est traduit par l’instauration de la gouvernance locale à travers la cogestion des pêcheries avec l’implication de tous les acteurs, et sa prise en compte dans la loi 2015-18 du 13 juillet 2015 portant code de la pêche.

Le Ministère des Pêches et de l’Economie maritime salue le choix, par la CAOPA, des thèmes qui seront discutés durant ces trois jours. Cette importante structure doit être renforcer et ses acquis utilisés par les pays membres. C’est la raison pour laquelle notre mobilisation d’aujourd’hui doit être perçue comme un renouvellement de notre adhésion à la CAOPA.

Le mandat de l’organisation est de favoriser le développement durable de la pêche en renforcement l’intégration régionale mais aussi à la contribution au bien-être économique et social des populations, au même titre que l’éducation et la santé.

L’inclusion des acteurs (secteur prive industriel et la pécheurs artisanaux) du secteur doit être aujourd’hui au cœur des préoccupations de l’Organisation comme c’est le cas, dans tous les pays du monde et, singulièrement, dans ceux en développement comme le Sénégal, pour lesquels, elle constitue un défi.

Mesdames, Messieurs, Honorables invités,

Je demeure convaincu que nous pouvons relever le défi, grâce à l’implication de tous les Etats membres et les Partenaires techniques et Financiers, tous les acteurs du secteur de la pêche et de l’aquaculture.

Pour conclure, j’en appelle aux Hauts Responsables dans les secteurs liés aux Océans pour accentuer le partage des expériences acquises aux niveaux national, régional et international dans la mise en œuvre de l’ODD 14.

Le Sénégal considère le partage d’expérience comme une ressource importante de développement et reste disposé à le faire avec les partenaires.

Les solutions qui seront discutées dans cette grande conférence doivent matérialiser un engagement irréversible de conserver et d’exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines.

Les océans doivent rester une source de vie et de bien être pour les populations.

Je ne saurai terminer sans remercier vivement l’équipe de la CAOPA, la CEDEAO, la FAO et les Autres PTF qui ont voulu bien faciliter l’organisation de cette session.

Je souhaite un plein succès aux travaux » et déclare ouvert l’atelier sur le thème « Mobilisons-nous pour une pêche artisanale durable.

Je vous remercie de votre bien aimable attention”.

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